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Haïti-Justice : Invitation de l’avocat Newton Saint-Juste au parquet de Port-au-Prince, une manœuvre ?

April 10, 2013, midnight

P-au-P, 10 avril 2013 [AlterPresse] --- « C’est une manœuvre pour leurrer la communauté internationale. Le pouvoir veut donner l’illusion d’une justice indépendante » : c’est ainsi que l’avocat Newton St Juste comprend l’invitation qui lui est faite au parquet de Port-au-Prince, ce 10 mars 2013.Cette invitation fait suite au dépôt, le 2 avril 2013, d’une dénonciation contre le chef de l’Etat Michel Martelly et son premier ministre Laurent Lamothe pour « corruption, blanchiment d’argent et association de malfaiteurs ».Dans une position publique en date du 3 avril 2013, Newton Saint-Juste a réaffirmé que les voyages du premier ministre Laurent Lamothe en Côte d’Ivoire le 27 mars 2013 et du président Michel Joseph Martelly en Guyane et Suriname [du 19 au 25 mars] étaient « personnels et mafieux ».La correspondance du commissaire du gouvernement près le tribunal de première instance de Port-au-Prince, Lucmane Delille à St Juste informe que « la plainte (…) dont [l’avocat est] le dénonciateur » est enregistrée au parquet au numéro 1631/13P.Comment celui qui a dénoncé peut-il être également le dénonciateur de sa plainte ?L’avocat-dénonciateur des deux têtes du pouvoir exécutif ne veut pas s’y attarder et promet de se présenter au parquet pour expliquer de visu au commissaire Delille qu’il ne peut lui-même faire la lumière sur ce dossier.« Il doit écrire à l’Unité de lutte contre la corruption (Ulcc) et l’Unité centrale de renseignement financier (Ucref) qui doivent enquêter sur la question », recommande l’avocat.Sur la base des conventions interaméricaine et Onusienne contre la Corruption ratifiées par Haïti et consacrant l’entraide et la coopération entre les Etats parties, L’Ulcc et l’Ucref peuvent s’adresser à des institutions spécialisées des pays africains et caribéens impliquées dans la lutte contre ces fléaux, selon Saint-Juste.Parmi les institutions africaines, il y a l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) et la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) du Sénégal ainsi que le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (Giaba).Le 2 avril 2013, un communiqué du secrétariat général de la primature avait qualifié Ce 9 avril 2013, l’avocat informe à AlterPresse qu’il a adressé une correspondance aux commissions Justice et anti-corruption du Sénat et de la Chambre des Députés « aux fins de solliciter une commission d’enquête Parlementaire sur les citoyens Michel Joseph Martelly et Laurent Salvador Lamothe, actuellement Président et Premier Ministre de la République ».L’homme de loi évoque les articles 137, 224 et suivants et 337 du Code Pénal et à la Loi du 7 avril 2001 sur le blanchiment des avoirs provenant de la drogue et d’autres infractions graves.A noter que le député Arnel Belizaire a écrit le 8 avril 2013 au bureau de la chambre des députés pour demander « de procéder dans les meilleurs délais à la mise en place d’une Commission d’enquête composée sur un même pied d’égalité des représentants de tous les blocs de la Chambre des Députés ».Le député Belizaire propose que cette commission parlementaire ait pour tâche de faire la lumière sur l’usage fait des fonctions officielles attribuées au président Martelly et au premier Ministre Lamothe dans le cadre notamment des voyages réalisés à Surinam, Guyanne, Aruba et en Cote d’Ivoire entre le 23 et le 30 mars 2013.Eclairer l’opinion « sur le contrat conclu entre l’Etat haïtien et la Société chargée de percevoir les taxes inconstitutionnelles et illégales sur les transferts et les appels venant de la diaspora ainsi que sur l’usage fait de ces fonds de mai 2011 à date » devrait être aussi une attribution de cette entité.Le député souhaite même que cette éventuelle commission puisse envisager la mise en accusation des deux responsables du pouvoir exécutif. [efd kft gp apr 10/04/2013 12 :45]