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Le Nouvelliste

Zébra : le graffiti, son espace d’évasion

Feb. 4, 2021, midnight

 « L’art me permet de me ressourcer, de m’évader ». Telle est la première phrase de  Gloria Isabelle Sylvain. Le nom de Zébra remonte à la classe de seconde. « Je me souviens bien, dans un cours de littérature haїtienne, j’avais dessiné un logo dans mon livre, je l’avais nommé Zébra. Un nom qui m’a plu. Puis, mes amis ont commencé à m’appeler Zébra. Naturellement, j’ai en fait le choix comme nom d’artiste. »  Zébra est assez jeune dans le milieu du graffiti. Elle a commencé avec le festival Street-Art au féminin qui lui a permis de participer à des ateliers de formation. « Mes oeuvres, le plus souvent surréalistes, sont remplies de couleurs. Cette année, je compte me consacrer davantage au graffiti afin d'améliorer certaines techniques ».  Dans son travail, l’émancipation féminine est sa principale inspiration. C’est l’une des raisons pour lesquelles la graffeuse peint souvent des têtes de femmes.  Son amour pour la peinture Sa grand-mère Aidèle Colbert Sylvain était peintre. Je peux dire que j’ai hérité d’elle l’amour de la peinture, souligne Zébra. Elle était en classe de philo lorsqu’elle a fait ses débuts dans l’art. « Je reconnais que présentement le graffiti est un univers où les femmes sont minoritaires, mais je ne suis pas à la recherche de la rivalité, je veux plutôt braquer les projecteurs du public sur le mouvement émergent des graffitis au féminin ».  Médecine et graffiti Gloria Isabelle Sylvain est actuellement en 2e année à la faculté de médecine à l’Université Notre-Dame d’Haїti.  Cela n’a pas été facile pour elle de gérer la médecine et l’art (peinture et graffiti). Puisque son métier de graffeuse occupe une place spéciale dans sa vie, elle a toujours fait en sorte de lui accorder du temps. Zébra raconte : « J’ai dû faire preuve de beaucoup de discipline pour éviter que l’art n’affecte pas mes études et vice versa. Mes parents ne sont pas trop enthousiastes à l’idée du graffiti. Ils ont toujours voulu que je priorise la médecine. Mais j’ai beau lutter pour les faire accepter ma décision (être à la fois médecin et graffeuse) ».  Qu’en est-il de sa participation au festival Haїti, le Printemps de l’Art ? Pour l’artiste, le festival « Haїti, le Printemps de l’Art » est une opportunité pour la société haïtienne de découvrir ou de redécouvrir nos artistes contemporains appartenant au monde de l’art. Ce festival est aussi une occasion surtout pour nos jeunes de se récréer sainement, d’apprendre davantage sur l’art et l’apprécier aussi. Le dimanche 24 janvier 2021, chez les Frères de l’Instruction Chrétienne (FIC) à Pétion-Ville, a été la première fois où Zébra travaille en plein jour sans aucune intimité. « Sans mentir, j’étais un peu stressée au début, mais c'était une très belle expérience. J’ai appris à vivre l’instant présent tout en évitant de me focaliser sur le résultat final. Ce fut aussi un honneur d’y prendre part en tant que femme, car les femmes ne sont pas nombreuses dans le monde du graffiti ». La réalisation du graffiti du dimanche 24 janvier lui a coûté près de sept heures de temps. C’était une fleur dans un pot. L’artiste apporte des explications : cette dernière représente les différentes expositions au festival ; le papillon symbolise le public qui fait la découverte des œuvres des artistes contemporains ; j’ai voulu aussi représenter le climat où se déroule l’activité, c’est pour cela que la fleur est placée entre deux barres noires et des traits rouges blancs et violets (symbole des tueries, les actes d’injustice, de l’instabilité politique et économique du pays en ce moment).  Originaire de Port-au-Prince, Gloria Isabelle Sylvain a vu le jour un 23 octobre 1999. C’est une femme à la fois perfectionniste, indécise, susceptible, aventureuse, serviable et souriante. Dans sa vie, l’étudiante en médecine sait déjà qu’elle aura en main un stéthoscope et des sprays.