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Le Nouvelliste

La situation politique en Haïti après le 13 janvier au menu d'un tête-à-tête entre Bocchit Edmond et Mike Pompeo

Jan. 22, 2020, midnight

« Au cours de ce séjour,  j’en ai profité pour tenir une rencontre bilatérale avec le secrétaire d'État américain Mike Pompeo afin de lui dresser un état des lieux de la situation politique en Haïti après le 13 janvier et voir comment on peut continuer à travailler ensemble et faire avancer la cause de la démocratie non seulement celle de la région mais aussi celle d’Haïti », a confié le ministre Edmond lors d’une interview exclusive accordée à Le Nouvelliste, quelques minutes seulement à l’issue de son tête à tête avec Mike Pompeo. Le chancelier haïtien a admis que le support de l’administration américaine, une fois un gouvernement d’union nationale établi en Haïti dans les prochains jours, permettra à la nouvelle administration de trouver des moyens financiers pour pouvoir exécuter certains projets et programmes économiques chers au président Jovenel Moïse. Plus loin, Bocchit Edmond a reconnu au chef de l’État la faculté à communiquer la date exacte de l’annonce de la formation de ce gouvernement d’union nationale tout en espérant, a-t-il glissé, que très bientôt le pays sera doté de ce gouvernement devant permettre d’avancer sur les questions électorales. « Nous avons une obligation d’organiser des élections », a souligné le ministre démissionnaire, précisant au passage que le chef de l’État travaille à trouver un consensus et, à cet effet, rencontre différents secteurs afin d’aboutir à la formation de ce gouvernement d’union nationale. Il était aussi question de la situation au Venezuela « Nous avons discuté de la façon dont la situation au Venezuela impacte la région », a fait savoir Bocchit Edmond, qui a passé à pieds joints sur ce dossier brûlant, préférant placer la rencontre restreinte, entre Mike Pompeo et seulement 6 chanceliers de la CARICOM, dans un contexte de front commun visant à soutenir l’actuel secrétaire général de l’OEA, Luis Almagro, candidat à sa propre succession. « Il va y avoir une élection très bientôt […] Ce groupe, surtout les États-Unis, supporte l’actuel secrétaire général pour sa réélection. Probablement, les pays qui ont décidé de ne pas y participer n’ont pas la même position que nous. Nous espérons que cela ne va entraîner aucune division entre nous », a expliqué le chancelier haïtien tout en reconnaissant le droit à chaque pays de défendre ses intérêts nationaux. « C’est normal. Dans tout groupe, il peut exister des désaccords », a admis Bocchit Edmond. Outre Haïti et la République dominicaine, les autres Etats de la CARICOM, sur un total de 15, qui ont participé à cette rencontre sont les Bahamas, Jamaïque, Saint-Kitts-et-Nevis et Sainte-Lucie. Un peu plus tôt dans la journée du mercredi, Mike Pompeo et le Premier ministre jamaïcain, Andrew Holness, ont tous deux nié que la décision de convier certains États de la CARICOM à la réunion de Kingston soit une tentative de scinder le groupe régional en prélude à la réélection de Luis Almagro au poste de secrétaire général de l'OEA lors des élections prévues le 20 mars prochain. L’administration de Donald Trump est accusée de vouloir diviser la CARICOM en États qui se rangent derrière les États-Unis sur le dossier du Venezuela et sur la réélection prochaine du secrétaire général de l’OEA d'un côté, et les États qui refusent de suivre la ligne américaine de l'autre. «Il n'y a aucune intention pour les États-Unis de diviser la CARICOM. Pas hier, pas aujourd'hui, pas demain », a déclaré Pompeo aux journalistes présents à la conférence de presse conjointe donnée au bureau du Premier ministre Holness. « Si certains sont invités et pas tous, c'est une tentative de diviser cette région », a pour sa part rétorqué la Première ministre de la Barbade et présidente de la CARICOM, Mia Mottley, qui a dispensé son ministre des Affaires étrangères de ce déplacement à Kingston. Par ailleurs, de nombreux États de la CARICOM reconnaissent toujours Nicolas Maduro comme étant le président légitime du Venezuela et soutiennent la diplomate équatorienne, Maria Fernanda Espinosa, pour le poste de secrétaire général de l'OEA. Interpellé par un confrère jamaïcain lors de cette conférence de presse sur la question de l'OEA, Mike Pompeo a répondu que les États-Unis acceptaient les positions individuelles des États de la Caraïbe.