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Le Nouvelliste

Me Serrard Gasius : « Si j’avais une velléité de libérer Emmanuel Constant, je l’aurais fait »…

July 10, 2020, midnight

« Si j’avais une velléité de libérer Emmanuel Constant, je l’aurais fait. Il est déjà depuis presque un mois à ma disposition », a lâché d’emblée Me Serrard Gasius, le commissaire du gouvernement près le tribunal de première instance des Gonaïves, interrogé par Le Nouvelliste, vendredi 10 juillet 2020. Plus loin, le chef de la poursuite a mis en avant la nécessité d’avoir à sa disposition le dossier. « C’est une équation que n’importe qui peut comprendre. Pour envoyer Emmanuel Constant au tribunal, il faut un dossier ; pour l’envoyer en prison, il faut un dossier. J’attends jusqu’à date la Cour de cassation », a-t-il poursuivi, expliquant que l’intégralité de ce dossier a été acheminée à la Cour de cassation dans le cadre d’un pourvoi effectué.  Le chef du parquet du tribunal de première instance des Gonaïves a indiqué que la Cour de cassation « a pour devoir de renvoyer le dossier au complet aux Gonaïves ». « Après avoir rendu son arrêt, la Cour aurait dû retourner le dossier au tribunal des Gonaïves. La Cour de cassation ne l’a pas fait (…) J’ai informé mon chef hiérarchique de la situation. Il a contacté la Cour de cassation pour trouver le dossier. Jusqu’à présent ils n’ont rien trouvé », a insisté Me Serrard Gasius, assurant, dans le cadre de ses recherches, avoir obtenu un certificat négatif du greffe du tribunal de première instance attestant que le dossier n’est pas aux Gonaïves. Pour avoir ce dossier, il aurait fallu qu'on le reçoive du greffe, a aussi indiqué Me Serrard Gasius, soulignant que les copies ne sont pas recevables au tribunal. « Le dossier de Emmanuel Constant est disponible au sein de l’appareil judiciaire. Quand il est rentré en Haïti, c’est la Cour de cassation qui a partagé les documents dont elle disposait avec les autorités du pouvoir afin de garder Toto Constant », a confié au journal le coordonnateur du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), Pierre Espérance. « L’appareil judiciaire est un tout. Si le commissaire dit ne pas avoir le dossier, on est en face d’un vaste complot pour libérer Emmanuel Constant au détriment des victimes afin de perpétuer l’impunité dans le pays », a-t-il poursuivi. « Le dossier existe. Nous l’avons. La Cour de cassation l’a. Des gens cherchent des alibis pour préparer l’opinion à un coup machiavélique, la libération de Toto Constant », a affirmé Pierre Espérance, révélant que le Bureau des avocats internationaux (BAI) avait transféré la semaine dernière une partie du dossier au commissaire du gouvernement des Gonaïves. Brian Conncanon Junior, de Institute for Justice & Democracy in Haiti (IJDH), a confié au journal que le Bureau des avocats internationaux (BAI) a contacté le commissaire du gouvernement des Gonaïves pour lui transmettre une copie du jugement par contumace. « Le jugement a aussi été publié dans Le Moniteur », a poursuivi Conncanon. « La déportation de M. Constant était annoncée début mai et le système judiciaire avait au moins deux mois pour se préparer. Ne rien avoir dans les dossiers, incluant des documents des parties civiles et du journal Le Moniteur après tout ce temps, montre une volonté de frustrer les victimes de M. Constant », a indiqué le militant des droits humains. En juin, après la déportation de Emmanuel Constant, Michael Kozak, l’assistant secrétaire d’Etat américain au bureau des affaires de l'hémisphère Ouest, a indiqué se tourner vers les autorités haïtiennes pour rendre justice aux victimes du massacre de Raboteau et autres crimes dont Emmanuel Constant rst responsable. Ce dernier doit assumer ses actes, a déclaré ce diplomate, indiquant que la justice haïtienne promeut le règne de la loi et la fin de l’impunité. Emmanuel « Toto »  Constant, 63 ans, déporté des États-Unis où il avait purgé 12 ans de prison pour fraude immobilière, est arrivé en Haïti le mardi 23 juin 2020. L’ancien chef du Front pour l’avancement et le progrès d’Haïti (Fraph), un groupe paramilitaire responsables d’assassinats, de tortures et d’autres exactions après le coup d’Etat contre Jean-Bertrand Aristide (91-94), a été condamné à perpétuité par contumace dans le procès du massacre de Raboteau, quartier populaire des Gonaïves peuplé de partisans de Jean-Bertrand Aristide à cette époque. L’avocat de Emmanuel Toto Constant, Me Ronaldo Saint-Louis, interrogé par l’Associated Press en juin dernier, avait indiqué que son « client était détenu illégalement ». Roberson Alphonse