Le Nouvelliste
Insécurité : le ministre de la Justice accorde 72 heures aux « gens de bien » pour quitter Village-de-Dieu
April 27, 2020, midnight
Le Premier ministre Joseph Jouthe et le ministre de la Justice Lucmane Délille ont haussé le ton ce vendredi à l’issue d’un CSPN spécial sur l’insécurité. Les deux officiels du gouvernement ont donné un ultimatum aux bandits qui terrorisent la population à l’entrée sud de la capitale. Le PM Jouthe, qui est revenu sur sa déclaration faite la semaine dernière en ce qui concerne les échanges avec les bandits de Village-de-Dieu, a indiqué que le bal est fini. « La population dans son ensemble était révoltée parce que j’ai eu des communications avec des bandits. Mais le bon côté que je peux tirer de ma démarche, c’est que celle-ci m’a permis de recueillir beaucoup d’informations que je me garde de divulguer. Le président de la République m’a conseillé d’avoir de la retenue. Cependant je veux dire à tous les chefs de gang que le bal est fini [...] À bon entendeur, salut ! », a-t-il tonné. Pour sa part, le ministre de la Justice et de la Sécurité publique est allé plus loin en accordant 72 heures aux « gens de bien » de Village-de-Dieu pour quitter la zone. « Je m’adresse aux citoyens, je pense qu’il y a des gens de bien qui habitent la zone. Ils ont 72 heures pour partir. Tous ceux qui ne font pas partie des gangs, qui ne mènent pas des activités criminelles, ont 72 heures pour partir. Passé ce délai, nous ne serons pas responsable de ce qui pourrait leur arriver éventuellement. L’État a le monopole de la violence légitime. Par conséquent l’Etat va agir. L’inacceptable ne peut pas être défendu. Nous demandons la collaboration de la population car elle sera libérée incessamment », a déclaré le ministre de la Justice. Le Premier ministre et le ministre de la Justice n’ont pas précisé s’il y aura une opération policière à l’issue des 72 heures. Le directeur général de la police nationale d'Haïti, Rameau Normil, présent également à ce point de presse, ne s’est pas exprimé. L’entrée sud de la capitale, devenue zone de non-droit depuis plus de deux ans, connaît une situation de terreur depuis début avril. Là-bas, les carnages se multiplient et deviennent banals. Le 12 avril, dimanche de Pâques, des bandits de Village-de-Dieu ont tiré sur le tas et ont fait au moins six morts et plus d’une trentaine de blessés. Deux jours plus tard, soit le mardi 14 avril, ces mêmes bandits ont abattu 6 personnes à Cité Plus (Martissant). La zone a connu une autre journée de tension le samedi 19 avril. Des affrontements entre bandits armés de Baz Pilate et de Grand-Ravine ont été soldés par l’incendie de plusieurs maisons et au moins 1 mort. La dernière opération d’envergure de la PNH dans ce secteur remonte au 13 novembre 2017 à Grand-Ravine. 2 policiers ont été tués dans des échanges de tirs avec les bandits. La PNH a été également accusée d’avoir perpétré un carnage dans la zone tuant au moins 8 personnes, parmi lesquelles un gardien et un professeur du collège Maranatha.