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Le Nouvelliste

Le ministère des Travaux publics met en danger la vie et les biens de dizaines de personnes à Bois-Patate

Oct. 21, 2019, midnight

La rue Boucard s'est complètement effondrée après les inondations provoquées par les pluies du 16 et du 17 octobre 2019. Quatre mois après le début de l’érosion de la route (provoqué par l’effondrement d’une buse dans la zone), rien n’a été entrepris par le ministère des Travaux publics pour remédier à la situation. Pour l’heure, il devient un vrai casse-tête pour les riverains, particulièrement les enfants, de sortir de leurs maisons. Ces derniers improvisent des solutions, notamment en utilisant des échelles pour escalader les murs, et font montre de solidarité pour conjurer le sort.  À cet effet, Dr Harry Saintélus a dû autoriser des voisins à utiliser son salon comme issue, pendant trois jours. Ce dernier, dont la mobilité est réduite, dit vivre cette situation avec beaucoup de stress. « Je perds tous mes moyens à chaque fois qu’on annonce la pluie. Pour avoir grandi dans la zone, je peux vous dire que c’est la première fois que j’ai vu autant de débordements après la pluie. J’étais vraiment paniqué dernièrement et je ne souhaite pas revivre cet enfer », a-t-il souligné ce lundi matin au journal, évoquant ses craintes pour l’avenir.  Ce lundi, le notaire Garry Brisson Cassagnol dont l’étude se trouve à la rue Bois-Patate, a dû percer un mur dans son parking afin de frayer un passage pour les occupants de deux maisons adjacentes. Phillipe Rossiny est l’un des propriétaires concernés. Selon lui, la situation s’est aggravée « parce que l’État ne se préoccupe pas de ses citoyens ». « Pour éviter le pire, il va falloir déménager avec ma famille. Mais ce n’est pas si évident que ça. Parce je n’ai pas les moyens nécessaires. De plus, il est très difficile de trouver des maisons à Port-au-Prince ces temps-ci », fait remarquer le quinquagénaire. Comme son voisin, Dr Harry Saintélus critique également les autorités concernées qui n’ont rien fait depuis le début et qui ont laissé la situation se détériorer. « Personne n’est venue ici jusqu’à présent alors que nous payons nos taxes régulièrement», déplore-t-il. En plus du laxisme des autorités, les deux personnes interrogées indexent le comportement des citoyens qui profitent des eaux de pluie pour se débarrasser de leurs ordures. « Ils jettent tout dans les canaux. Samedi dernier, on a retrouvé un matelas dans les déchets», fait remarquer Dr Harry Saintélus. Cet état macabre entraine des conséquences sur des investissements dans la zone. Un bloc d’appartements a été vidé de ses locataires quand les premiers effondrements ont débuté. Un motel construit il y a quelques années dans cette rue devient pratiquement inutilisable. Plusieurs automobiles sont en outre restées coincées dans leurs parkings.