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Le Nouvelliste

Les institutions démocratiques ne sont pas complètes en Haïti, estime Jon E. Piechowski, haut responsable du Département d’Etat américain

Feb. 10, 2020, midnight

Gouvernance par décret, nouvelle Constitution, comme son supérieur direct le secrétaire d’Etat Mike Pompeo l’avait exprimé récemment, les Etats-Unis d’Amérique ne sont pas confortables avec la situation actuelle en Haïti, a expliqué au Nouvelliste le sous-secrétaire d’Etat Piechowski. A la question de savoir comment la gouvernance d’Haïti était analysée depuis Washington, Piechowski a répondu : « Nous appuyons le président Moïse parce qu’il est le président élu par le peuple haïtien. En même temps, à l’heure actuelle, nous pensons qu’il faut qu’il y ait des élections législatives dès que possible. C’est une chose que le secrétaire d’Etat Pompeo avait dite publiquement. Nous voulons voir dès que possible techniquement qu’il y ait une date ferme pour que les Haïtiens puissent choisir leurs représentants. Nous pensons qu’il faut avoir les institutions démocratiques complètes. Elles ne sont pas complètes maintenant », a dit le diplomate. La gouvernance par décret, vous ne pensez pas, au Département d’Etat, que c’est une bonne chose pour Haïti ?, a demandé Le Nouvelliste. Là encore, la réponse a été claire. Pour Jon E. Piechowski la gouvernance par décret : « Ce n’est pas la démocratie complète. Pour cela nous voulons voir qu’il y ait des élections législatives. Parce que c’est comme ça. » Quant à la nécessité exprimée par le président Jovenel Moïse de modifier la Constitution en vigueur sans passer par le Parlement, le diplomate américain croit que « le besoin (de changer de Constitution) est une question pour les Haïtiens ». Il a ajouté : « Nous pensons que le premier pas doit être les élections législatives, ce afin d’avoir tous les pouvoirs en place. Après on peut voir les options qui existent pour le peuple haïtien ». A la question de savoir si les autorités haïtiennes connaissent la position du Département d’Etat sur la velléité du président de changer de Constitution,  le sous-secrétaire adjoint responsable du bureau pour les affaires de hémisphérique occidental a répondu laconiquement : « Bien sûr. » Au cours de l’entretien, il a été aussi question de la politique étrangère des Etats-Unis en Haïti. D’Haïti on a l’impression que les seules préoccupations des États-Unis à propos d’Haïti sont que le pays ne doit pas reconnaître la Chine et ne doit pas reconnaître Nicolas Maduro comme président du Venezuela. Est-ce vraiment la position des Etats-Unis ? Les opposants au président Moïse savent que c’est la position des USA ? a demandé Le Nouvelliste à Jon E. Piechowski. « Pour savoir ce que les acteurs politiques de l’opposition savent, il faut leur en parler », a répondu Piechowski avant de poursuivre : « De notre point de vue, je pense que c’est évident que notre relation avec Haïti est très vaste. Il y a beaucoup de questions que nous touchons ensemble. Je pense que dans le cas du Venezuela, Haïti a levé la voix en faveur de la restauration de la démocratie. Haïti a des raisons pour se prononcer. Dans le cas de la reconnaissance de Taïwan par Haïti, je pense que Taïwan a été un acteur démocratique qui a été un partenaire ferme avec le gouvernement haïtien et aussi avec le peuple haïtien. » Interrogé pour savoir si les Etats-Unis seraient prêts à mettre sur pied un vrai programme d’aide à Haïti si un accord politique est trouvé, parce que vu d’Haïti on a l’impression que les USA supportent le président Moïse du bout des doigts mais qu’Haïti n’est pas soutenu, qu’elle ne gagne rien, le diplomate a tenu à préciser : « Nous soutenons le peuple haïtien. J’avais dit que nous appuyons le président Moïse parce qu’il est le président élu et il est le chef de l’Etat haïtien. Je parlais avant de l’importance d’organiser les élections législatives. Cela prouve que notre appui va vers la démocratie en Haïti et va vers le peuple haïtien. » Frantz Duval