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Le Nouvelliste

Covid-19 : le processus de désengorgement des prisons avance

April 15, 2020, midnight

Afin de protéger les détenus de la propagation du coronavirus, des audiences spéciales sont tenues notamment à Port-au-Prince en vue de libérer des prisonniers. Le comité de travail ministériel, composé du parquet de Port-au-Prince et de plusieurs organisations de droits humains, s’est accordé finalement sur six critères devant leur servir de boussole dans le cadre du choix des détenus à juger. Au final, cette initiative est favorable aux détenus ayant purgé au moins 60% de leurs peines et ceux âgés de 65 ans ou plus, ainsi que les détenus dont l’état de santé est précaire. Un certificat médical doit attester cette comorbidité grave. De plus, les condamnés qui ont purgé leurs peines mais pour lesquels on ne trouve aucun dispositif de jugement, ceux qui sont insolvables et n’arrivent à s'acquitter de leurs amendes ou les dommages-intérêts devront bénéficier de cette grâce. Les présumés criminels en détention préventive prolongée depuis plus de 10 ans sont entre autres prévenus devant bénéficier de cette circonstance. Exception faite pour les détenus accusés ou coupables de kidnapping, d’enlèvement contre-rançon, de meurtre, de vol à main armée, de trafic illicite de stupéfiants et de viol. Selon le commissaire du gouvernement Jacques Lafontant, le processus «avance». Laconique, le chef du parquet de la juridiction de Port-au-Prince a fait savoir mardi qu’une liste de 102 prisonniers est déjà dressée. Reste maintenant à tenir des audiences spéciales afin de les juger pour les faits dont ils sont reprochés. Une autre source au parquet a révélé que trois audiences en habeas corpus ont été réalisées au tribunal de première instance le mercredi 1er avril 2020. Au total, 93 détenus ont été jugés et libérés. Toutefois, a appris le journal, le parquet n’a pas émis d’ordre de libération pour la totalité des personnes jugées car des organisations de défense des droits humains ont recommandé de vérifier les dossiers de certains des détenus qui ne respecteraient pas les critères définis. Toutefois, parmi les 93 personnes déjà jugées, plus de 10 mineurs ont été libérés. À la demande du Bureau de droits humains en Haïti (BDHH) qui avait soumis une liste de détenus depuis le 23 mars 2020, cinq femmes et un homme ont bénéficié d’un jugement en habeas corpus. Craignant une incursion du ministère de la Justice dans le processus judiciaire,  des hommes de loi pointent du doigt l'incompétence du parquet de soumettre une liste de prisonniers à juger. Les critiques des uns sont d'autant plus acerbes et fondées que les réserves des autres. Considérant les doutes relatifs aux accusés/prévenus qui ne devraient figurer sur la liste, certaines organisations vont jusqu'à s'interroger sur les intentions de certaines autorités.