Le Nouvelliste
Fin du mandat de Jovenel Moïse : Evans Paul prône le dialogue, l’opposition se bouche les oreilles
June 16, 2020, midnight
Ni pour ni contre. Voilà comment on pourrait résumer la position de l’ancien Premier ministre Evans Paul dans le débat sur la fin ou pas du mandat du président Jovenel Moïse le 7 février 2021. Que le président parte le 7 février 2021 ou qu’il reste au pouvoir jusqu’au 7 février 2022, ce n'est pas le plus important, selon Evans Paul. «Si le président part le 7 février 2021, il n’y aura pas un président élu pour le remplacer. On ira vers une transition», analyse l’ancien Premier ministre de Michel Martelly, qui dit avoir entendu parler d’un projet de transition qui durera trois ans. Si la transition dure trois ans, le prochain président élu passera deux ans au pouvoir, pose Evans Paul, estimant que cela ne va pas résoudre le problème. Et si le président reste au pouvoir jusqu’au 7 février 2022 et que personne n’aille aux élections avec lui, continue-t-il, cela va encore déboucher sur un autre problème. Evans Paul préconise un dialogue entre tous les acteurs politiques afin de parvenir à un accord sur cette question. Le président Jovenel Moïse a la responsabilité de rechercher par tous les moyens à convaincre ceux qui ne sont pas d’accord avec lui de prendre part au dialogue pour trouver cette entente, dit Evans Paul, qui propose de rassembler au centre ceux qui sont pour le départ du président le 7 février 2021 et ceux qui souhaitent qu’il y reste jusqu’au 7 février 2022. «Il y a deux personnalités qui ont pris position dans ce débat. Il s’agit de Mirlande Manigat, qui, d’après ses analyses, pense que le président doit partir le 7 février 2021, et de Ricardo Augustin, qui, lui, a conclu que c’est en 2022. Ce sont deux symboles importants, deux grands professeurs d’université», juge Evans Paul, qui a fait remarquer que les deux se sont au moins entendus sur la nécessité de modifier la Constitution. L'ancien Premier ministre est convaincu que les deux positions peuvent se rencontrer si les parties acceptent d’engager des discussions. Le 13 janvier dernier, le président Jovenel Moïse avait pris sur lui la responsabilité de renvoyer dix-neuf sénateurs dont le mandat, à son avis, était arrivé à sa fin. «Je ne sais pas s’il avait la provision légale pour prendre cette décision ; nous sommes en dehors du cadre constitutionnel et du cadre normatif démocratique», affirme Evans Paul. Le politicien déplore que nous soyons obligés de nous affronter à chaque fois que nous devons traiter de la question des mandats. «La fin du mandat d’un élu, dans une démocratie, est réglée à l’avance. Il ne revient pas à un président de la République de prendre un décret ni à un groupe de citoyens de le décider», dit-il. Il n’y a pas de confusion sur la fin du mandat du président Jovenel Moïse Le porte-parole du Secteur démocratique et populaire n’en démord pas. Le mandat de Jovenel Moïse prend fin le 7 février 2021, déclare André Michel, mardi sur les ondes de Radio Magik 9. Il n’y a pas de confusion sur la fin du mandat du président Jovenel Moïse, selon lui. Le seul accord auquel André Michel serait prêt à participer doit porter sur la transition. La transition, a-t-il dit, doit être inclusive, non partisane. Elle doit nous permettre d’aborder les questions de fond telles que la Conférence nationale, la nouvelle Constitution et les grands dossiers de corruption, a fait savoir André Michel. Depuis environ trois semaines, une large concertation se tient entre les partis politiques et la société civile dans le but de créer un “front patriotique”. André Michel annonce la couleur. «Si Jovenel pense qu’il peut garder le pouvoir par la force au-delà du 7 février 2021, on peut dire adieu à toute possibilité de trouver un accord politique ou une entente. On se retrouvera à ce moment en face de deux possibilités : soit le PHTK passe par dessus tout le pays, soit le pays a raison de lui. Ce sera un affrontement», prévient l'avocat, qui pense qu’on doit éviter cette situation. Selon André Michel, ce serait trop facile pour le président, dont le mandat arrive à terme, de se livrer à une “interprétation stérile” de la Constitution aux fins de garder le pouvoir.