Le Nouvelliste
La crise actuelle accentue l’insécurité et les violations des droits humains dans le pays, juge le CARDH
Feb. 20, 2020, midnight
À cause des différents mouvements « peyi lòck », le cycle d’instabilité socio-économique et politique sans précédent, la violence criminelle aiguë et de violations systématiques des droits humains, notamment celui à la vie, le pays vient de vivre une année difficile, jugent les militants de droits humains du Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH). Cette situation tend à se pérenniser dans le contexte global d’une gouvernance se distinguant par : un désintéressement aux droits de la personne ; la consolidation de la corruption ; l’affaiblissement des institutions ; le non-respect des principes de la gouvernance démocratique. Aussi, en raison de l’insécurité alimentaire, de la persistance de la pauvreté, du taux de chômage et de l’inflation, de l’accès précaire aux soins de santé, des conditions de détention et du non-respect du droit à l’éducation et à la propriété privée. L’année 2020 commence sur une note très alarmante en termes de non-respect des droits à la vie, à la sécurité, à la libre circulation. Les actes de kidnapping contre rançon ont pris une proportion jamais égalée, et ce, uniquement pour le mois de janvier et le début du mois de février. Du 1er au 22 janvier 2020, 15 cas de kidnapping ont été recensés par la Police nationale d’Haïti. Toutes les catégories sociales sont touchées, notamment les étudiants et les écoliers. Dans la majorité des cas, des proches des personnes kidnappées négocient directement avec les ravisseurs sans en informer la police, par peur que les victimes soient exécutées, vu les liens éventuels entre les bandits et certains policiers. D’autant plus inquiétant, il y a eu des cas d’assassinat malgré le versement de la rançon, écrit le CARDH. La gestion du dossier de la SPNH inquiète Pour Me Gédéon Jean, directeur exécutif du CARDH, l’approche de la PNH devrait aller au-delà de l’application d’un régime de sanction, car cette réalité témoigne aussi d’une situation de grande frustration qui règne au sein de l’institution policière. Sur le plan légal, la Constitution garantit, en son article 35.3, la liberté syndicale pour les travailleurs des secteurs privés et publics pour la défense exclusive de leurs intérêts ; de même que la Convention américaine relative aux droits de l’homme, ainsi que le Pacte international se rapportant aux droits civils et politiques ratifiés par Haïti. Si le CARDH n’affirme pas que les policiers ont automatiquement droit à un syndicat, il estime cependant qu’ils ont droit à un mécanisme de revendication et de protection de leurs droits comme cela se fait dans d’autres pays, car les policiers, à qui il incombe la mission de « protéger la vie et les biens de la société », vivent dans des conditions dégradantes, affectant par conséquent leur dignité, et n’ont pas les moyens de remplir leur mission. Sur les perspectives d’une sortie de crise, l’organisation de défense des droits humains tire la sonnette d’alarme. Dans le contexte politique et socio-économique actuel, tout le monde s’accorde sur le fait que l’administration Jovenel Moïse sera dans l’incapacité d’organiser des élections cette année. La crise pourrait encore s’aggraver, car les protagonistes n’arrivent pas, jusqu’à présent, à trouver un consensus. Parallèlement, les conditions de vie de la population se détériorent à un rythme exponentiel, a conclu le CARDH.