Le Nouvelliste
La prison civile des Gonaïves prête à accueillir ses occupants, la DAP pose les conditions de transfert
May 13, 2020, midnight
La prison est réhabilitée par R2 Construction, la même firme qui l’avait construite. Cette fois, indique l’un des responsables du chantier, aucun paramètre de sécurité n’est négligé. Les travaux de plomberie et d’électricité ont été refaits. Trois nouvelles cellules y sont ajoutées. Désormais, on en compte dix. L’une est spécialement aménagée pour les femmes. Les barrières et les portes sont renforcées. « Les installations tiendront longtemps s’il n’y a pas de surpopulation », assure l’ingénieur. L’édile des Gonaïves, Neil Latortue, s’est félicité de l’achèvement de l'ouvrage. Selon lui, cela va soulager les proches des prisonniers qui ont été conduits à Saint-Marc, Hinche, Cabaret et Mirebalais. Avant la remise des clés, le maire a pris le soin de désinfecter l’espace. M. Latortue a promis de soutenir les autorités judiciaires en vue de garantir le respect des droits des prisonniers. La capacité d’accueil de la prison, a-t-il précisé, est de 465 détenus. Des failles de sécurité à corriger Après l’évaluation du chantier, le numéro un de la direction de l’administration pénitentiaire (DAP), Charles Nazaire Noël, a fait savoir que les travaux ne répondent pas aux normes sécuritaires. Beaucoup de choses, a-t-il déploré, ne sont pas à leur place. « En tant que technicien, nous ne pouvons pas accepter n’importe quoi », a déclaré M. Noël. Il invite les autorités concernées à corriger les failles avant le transfert des prisonniers. Le commissaire du gouvernement des Gonaïves, Me Sérard Gasius, dit prendre note des recommandations de la DAP. Néanmoins, il souligne qu’il y a urgence dans la demeure. « Vu les risques de contamination à la Covid-19, nous nous voyons obligés de décongestionner la garde à vue du commissariat », a soutenu le parquetier. Me Gasius confirme que les détenus locaux seront transférés d’ici la fin de la semaine. « Leur présence n’empêchera pas la correction des failles », a-t-il renchéri. Le commissariat des Gonaïves, un foyer d’infection Le directeur du Centre de recherche pour la promotion et le respect des droits, Me Luc Occéra, dénonce les conditions de détention en garde à vue au commissariat des Gonaïves. Pas moins de cinquante personnes, a-t-il regretté, sont enfermées dans cet espace conçu pour une dizaine de personnes. La promiscuité qui prévaut dans la cellule rend impossible l’application des règles d’hygiène. Selon quelques avocats, certains détenus toussent et d’autres ont des problèmes respiratoires. Parallèlement, Me Occéra dénonce le retour des prisonniers au centre carcéral qu’il considère comme un enfer. « Les conditions de détention sont inhumaines », s’est indigné le juriste. Il demande aux autorités de respecter le droit des détenus et de mettre les bouchées doubles pour construire un établissement pénitentiaire de standard dans la juridiction des Gonaïves qui regroupe huit communes.