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Le Nouvelliste

Jean Simon Saint Hubert démissionne du CEP

July 3, 2020, midnight

Le représentant du secteur des droits humains au CEP a présenté sa démission au président Jovenel Moïse. Dans la correspondance envoyée au chef de l’Etat, Jean Simon Saint Hubert souligne que sa décision fait suite à de longues réflexions sur la situation générale du pays. « L’institution du conseil électoral provisoire a été rendue possible grâce à de nombreuses consultations entre différents secteurs du pays. Notre mandat aurait dû prendre fin après l’installation du président de la République pour laisser place à une institution permanente selon l'article 289.3 de la Constitution. Malheureusement, la mauvaise foi et l’incapacité des uns et des autres ont fait basculer le fragile consensus de 2016. Ainsi, vous vous trouvez vous-même, Monsieur le président, dans une situation de facto, car du moment que vous dirigez par décret, sans la supervision d’un corps législatif, votre présence au pouvoir relève de ce qu’on appelle en droit constitutionnel un coup d’État », a asséné le désormais ancien conseiller électoral.  Dans cette lettre-réquisitoire, Jean Simon Saint Hubert a évoqué la situation sécuritaire qui, estime-t-il, n’est pas favorable à l’organisation d'élections. « L’organisation des élections est fondée essentiellement sur les libertés d’association, de réunion, d’expression et de rassemblement. Or, depuis environ deux ans, le cadre de jouissance de ces libertés est systématiquement réduit par le développement accru du gangstérisme qui sévit partout dans le pays. De là découle une ambiance politique inappropriée pour un retour à l’ordre républicain », soutient-il.  La démission de Jean Simon Saint Hubert du CEP a été exigée par la Plateforme des organisations haïtiennes des droits humains (POHDH). Une correspondance lui a été envoyée en ce sens le 2 juillet. Une copie a été acheminée au journal. « Suite à une analyse minutieuse de la réalité sociopolitique et faisant droit à la demande des organisations de base de la société et des échanges avec vous depuis 2 ans, nous sommes convaincus maintenant de l’opportunité de votre démission comme conseiller électoral. Ainsi, nous vous demandons comme représentant du secteur des droits humains de donner votre démission au Conseil électoral provisoire dans le plus bref délai », peut-on lire dans la lettre portant la signature du coordonnateur général Raoul Vital.  La POHDH a également publié un communiqué à travers lequel elle soutient que le « pouvoir PHTK menace les acquis démocratiques ». Pour justifier sa thèse, la POHDH a mis en avant la non-réalisation des élections législatives en 2019 et présidentielle en 2020, l’absence du Parlement, les nombreux décrets publiés par Jovenel Moïse, l’élimination de l’ancienne carte d’identification au profit de la nouvelle produite par la firme Dermalog, la volonté du président de faire adopter une nouvelle constitution, la multiplication des gangs, etc.