Le Nouvelliste
L’Evelyne Trouillot de Kettly Mars
June 4, 2020, midnight
Ça fait environ vingt-cinq ans que je connais Evelyne Trouillot. Je l'ai rencontrée pour la première fois à une soirée des Vendredis Littéraires qui se tenaient à l'époque au bas de Delmas, au Centre universitaire Caraïbe CUC. Je me rappelle avoir été impressionnée par son assurance et son ton direct quand elle faisait des commentaires ou émettait ses opinions lors des échanges entre amis écrivains de tous niveaux qui fréquentaient l'endroit. Le visage et le corps tranquilles mais prêts à monter à l'assaut. À première vue, Evelyne donne l'impression d'être, comme on dit en anglais, une "no nonsense woman." Une femme tout d'une pièce, qui n'accepte pas les bobards ni ne se laisse impressionner par le premier venu, ou la première venue prenant de la hauteur et se croyant porteur ou porteuse de la science infuse. Mais quand on la connaít mieux, on découvre chez Evelyne un sens de l'humour rieur, on s'habitue à son rire qui fuse et surprend ou ses regards pétillants de malice. Elle a un oeil vigilant auquel n'échappent pas les situations cocasses et les petites maladresses humaines. L'oeil qui fait également d'elle l'écrivain de la lucidité et de l'engagement citoyen. L'auto-dérision est aussi une façon pour Evelyne Trouillot de garder les pieds bien sur terre. C'est une écrivaine qui ne fait pas grand tapage dans le milieu mais qui poursuit une carrière solide, avec une production littéraire variée et bien ancrée dans notre réalité. Elle est un écrivain très apprécié des milieux universitaires hors de nos frontières. Son attachement viscéral à son pays est sa carte de visite. Moi, j'aime Evelyne Trouillot poétesse. Celle qui surprend par ses accents de tendresse, sa sensualité qui effleure et fait rêver, sa douleur contenue et léchée comme une blessure qu'elle voudrait transformer en fleur.