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Le Nouvelliste

Haïti : les envois de fonds de la diaspora incontournables en matière de rentrée de devises

Feb. 13, 2020, midnight

Pour les pays à revenu faible et intermédiaire comme Haïti, les envois de fonds des travailleurs migrants, communément appelés transferts de la diaspora, constituent la principale source de financement extérieur surpassant largement l’aide publique au développement, les investissements directs étrangers (IDE), et les exportations. Selon les récents calculs de la Banque mondiale, les envois de fonds des migrants sont aujourd’hui 3 fois plus importants que l’aide publique au développement. Alors que les transferts privés sans contrepartie n’ont cessé de suivre une courbe ascendante, 3,3 milliards de dollars en 2019, l’aide internationale accordée à Haïti sur les dix dernières années n’a atteint que 11 milliards de dollars, pour un peu plus d’un milliard en moyenne par an, avait souligné l’ancien ministre de l’Économie et des Finances, Wilson Laleau, ex-chef de cabinet du président de la République. D’après la dernière Note d’information sur les migrations et le développement publiée par le Groupe de la Banque mondiale et le KNOMAD, les flux de ces transferts constituent la principale source de recettes en devises dans les pays à revenu faible et intermédiaire et, abstraction faite de la Chine, ils dépassent l’IDE comme principale source de financement extérieur. S’agissant d’Haïti, comparer les envois de fonds des migrants avec les montants de l’investissement direct étranger peut se révéler un exercice fastidieux tant les sommes d’IDE attirées par l’économie nationale sont dérisoires. En effet, Haïti n’a jamais réussi à capter un demi-milliard d’investissement direct étranger de toute son histoire. La version 2019 du rapport de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (Cepalc) «Investissement direct étranger en Amérique latine et dans les Caraïbes 2019 » montre que les IDE sont passés de 375 à 105 millions de dollars de 2017 à 2018. Très en-deçà des trois milliards et plus des transferts de la diaspora au cour de la période. Alors que l’IDE connaît une tendance à la baisse ces dernières années au niveau mondial, le rapport du KNOMAD estime que les transferts d'argent dépasseront dans cinq ans les montants réunis de l’ADP et l’IDE.  « Les facteurs sous-jacents qui stimulent ces envois de fonds continueront de peser toujours plus. Nous pourrions atteindre le millier de milliards de dollars dans un avenir proche », prévoit le rapport. Dans certains pays, avance la Banque mondiale, la part du PIB que représentent les envois de fonds dépasse largement celle des exportations de marchandises. Au Tonga, au Kirghizistan, au Tadjikistan, et au Népal, ces transferts d’argent représentent, voire dépassent actuellement 25 % du PIB. En Haïti, les transferts de la diaspora représentent 34,3% du PIB alors que la part des exportations de marchandises dans le PIB dépasse à peine les 10%. En 2019, le total des exportations, tous produits confondus vers les États-Unis, a atteint 1 milliard 61 millions de dollars, dont 1 milliard 008 millions de dollars d’exportations de la sous-traitance vers les Etats-Unis. Un montant trois fois inférieur aux 3,3 milliards de dollars d’envois de fonds reçus de la diaspora sur la même année. Véritable pierre angulaire de nombreuses économies dans le monde, les transferts ont atteint le chiffre record de 529 milliards de dollars en 2018 et ont encore progressé jusqu’à 550 milliards de dollars en 2019.