Le Nouvelliste
Le juge de paix Antoine Luccius assassiné, le corps judiciaire indigné
Jan. 7, 2020, midnight
Le responsable de communication du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ), Samuel Baucicaut, a confirmé le décès du magistrat Antoine Luccius, tué mardi matin à Tabarre 52. Selon lui, le juge de paix suppléant de Ganthier a été abattu vers 10 heures du matin, alors qu'il rentrait chez lui à moto. « Selon les premières informations recueillies sur place, les malfrats, après avoir descendu notre collègue, se sont emparés de son arme à feu et de son téléphone portable avant de prendre la fuite à motocyclette, emportant celle qui transportait le magistrat », a indiqué Samuel Baucicaut. M. Baucicaut a fait savoir que le magistrat Antoine Luccius avait sur lui une somme d’argent dont le montant n’a pas été encore révélé. Les bandits, poursuit-il, se seraient emparés d’une partie de cette somme et le reste, éparpillé çà et là sur les lieux, a été emporté par les passants. Dans sa poche, le juge de paix et les officiers de la police scientifique ont retrouvé son livret bancaire. Le matin même de son assassinat, un retrait de deux mille dollars américains avait été effectué sur son compte bancaire. Criblé de projectiles, le corps inerte de cet ancien greffier qui avait été promu juge au tribunal de paix de Pétion-Ville et de Delmas pataugeait dans son sang jusque dans l'après-midi. Une équipe de la police scientifique a investi l'espace vers 1 heure et demie, afin de prélever des indices devant constituer le corps du délit et permettre de remonter aux assassins. Un procès-verbal a été dressé par le juge de paix. Cependant, le mobile du crime est encore inconnu. Le responsable de communication du CSPJ qualifie d'assassinat lâche et crapuleux ce crime odieux commis contre la personne du juge Antoine Luccius. De nombreux responsables du pouvoir judiciaire se sont rendus sur les lieux du crime. La nouvelle de la mort du magistrat a été reçue tel un couperet, se lamente Jean Wilner Morin, juge au tribunal de première instance de Port-au-Prince. Selon lui, la victime a reçu une balle à la tête. « Les autorités policières travaillent sur de nombreuses pistes », a confié le juge d'instruction, également président de l'Association nationale des magistrats haïtiens (ANAMAH). Jean Wilner Morin s'est indigné que le CSPJ ou le ministère de la Justice ne permette aux juges d'obtenir des prêts leur facilitant d'acheter leurs propres véhicules afin de mieux remplir leurs fonctions. En effet, le feu magistrat ne disposait d'aucun véhicule. S'il est cette année, au niveau du corps judiciaire, la première victime de l'insécurité, le juge Antoine Luccius n'est pas le premier à subir les conséquences de cette réalité.