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Le Nouvelliste

Assassinat de Me Dorval : «Le pouvoir n’a pas besoin de faire des fuites en avant. La classe politique non plus…», exhorte Me Carlos Hercule

Sept. 2, 2020, midnight

Choqué, comme le monde de la basoche, par l’assassinat de Me Monferrier Dorval, l’ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats de Port-au-Prince, Carlos Hercule, se dresse contre toutes formes de tentative de récupération politique liée à ce crime. « Laissez à la justice le soin de trouver les responsables… Le pouvoir n’a pas besoin de faire des fuites en avant. La classe politique non plus… », a exhorté le juriste, mardi soir, lors de sa participation à l’émission « Haïti, Sa k ap kwit » réalisée sur Télé 20. « Les choses que j’ai entendues profanent la mémoire du bâtonnier Dorval. Là où il est, le bâtonnier Dorval n’accepte pas cela. Il n’est pas d’accord…», a estimé celui qui a précédé Monferrier Dorval à la tête du bâtonnat. Pour Me Carlos Hercule, le barreau doit user de tout son pouvoir pour permettre à la justice d'identifier les personnes coupables de l’assassinat du professeur, d’où qu’elles viennent. Et la meilleure manière d’y parvenir, selon lui, c’est de laisser à la justice le soin de faire son travail. L’ancien bâtonnier exige, une fois de plus, du pouvoir et de la classe politique, qu'ils ne précipitent pas les choses comme ils le font en ce moment. « Si quelqu’un a des informations, qu’il s’adresse à la justice », conseille-t-il. « Les politiques, que ce soit du pouvoir ou de la classe politique, sont trop cyniques… », critique Carlos Hercule, choqué par une lettre divulguée par le ministre des Affaires étrangères, le Dr Claude Joseph. Selon lui, les messages véhiculés dans la lettre du ministre adressée aux membres de la diplomatie haïtienne sont « orientés et biaisés ». « Laissez à la justice le soin de mener son investigation… », insiste l’ancien dirigeant de l’Ordre des avocats de Port-au-Prince. « C’est comme si vous orientez l’enquête », estime le juriste. Carlos Hercule estime également « inacceptable » que le président de la République, Jovenel Moïse, puisse, dans ses déclarations à la suite de l’assassinat du bâtonnier Dorval, orienter les investigations sur un certain terrain en insinuant l'appartenance des responsables du crime à un certain secteur. « C’est ce que moi je n’accepte pas. C’est le président de la République, certes, mais vous n’êtes pas autorisé à tout dire. Le président, il doit savoir se limiter dans ses interventions. Ce n’est pas votre champ. C’est la justice. Lorsque vous le dites comme cela, vous êtes en train d’orienter… Lorsque c’est le chef de l’État qui parle, cela veut dire beaucoup de choses. Et cela, on ne l’accepte pas !», a martelé Carlos Hercule, avant de maintenir que cette situation ne pourra pas barrer la route aux avocats. Par ailleurs, Me Carlos Hercule en a profité pour évoquer un «ensemble de menaces orchestrées actuellement contre l’actuel dirigeant de la Fédération des barreaux d’Haïti (FBH), Me Jacques Letang». « Ils veulent s’attaquer aux hommes de loi… », dénonce le juriste, qui souhaite que les autorités assument leurs responsabilités. L’avocat, prenant ces menaces très aux sérieux, demande aux autorités policières de jouer leur rôle.