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Le Nouvelliste

Michèle Lemoine revient sur ses grands actes de metteure en scène pour 2019

Dec. 16, 2019, midnight

Pour l'année 2019, Michèle Lemoine a assuré la mise en scène de « Cinglée » de Céline Delbecq, interprétée par Ketsia Vaïnadine Alphonse. Pour ce faire, elle indique avoir commencé avec le travail sur le choix des textes au mois de mai, car le festival En Lisant devait se tenir en juillet. Elle a peaufiné son travail pendant l'été pour le Festival Quatre chemins. Elle a aussi travaillé sur un grand projet, « Victor et les enfants au pouvoir » ; elle a monté un autre spectacle qui s'appelle «À 30 ans », dont les textes ont été créés pour l'occasion par de jeunes auteurs. La comédienne/metteure en scène a aussi repris un petit spectacle pour enfants, « La fontaine d'après Sylvain » ( des fables en créole) et l'expo « Saisir l'invisible » qui s'est faite en avant-programme du festival à l'Institut français qui rend hommage aux comédiens haïtiens ainsi que le méga concert qui a clôturé le festival dont elle a assuré l'organisation et le choix des chansons.  « J'ai pensé à cette pièce (Victor et les enfants au pouvoir) en pleine période de troubles dans le pays parce qu'elle fait tout exploser. Les gens pètent les plombs littéralement. Je crois que même si ce n'est pas lié à la situation actuelle textuellement parlant, les gens peuvent se retrouver dans la pièce au niveau sociétal et familial », a souligné la coordonnatrice du programme Arts et Culture à la FOKAL. Par ailleurs, le texte qui l'a énormément marquée est bien sûr « Cinglée », parce qu'il touche un sujet crucial qui est le « féminicide » ( le fait de tuer une femme juste parce qu'elle est une femme).  De sa position à la FOKAL, elle confirme avoir vu passer de jeunes bourrés de talents. Il y a eu un élan qui a été brutalement interrompu par le tremblement de terre de 2010, car beaucoup de ces jeunes sont partis après. Mais, récemment, elle a aussi relevé un bouillonnement culturel avec le retour de jeunes comédiens qui ont voyagé et qui sont retournés au pays avec une envie de créer. « Je n'ai jamais eu, à la FOKAL, autant de demandes pour la salle de spectacle. Dans plusieurs disciplines mais énormément de théâtre de qualité », a-t-elle précisé en soulignant une progression qualitative dans les propositions de mise en scène et le travail des comédiens. « Les gens continueront à créer envers et contre tout. Ils sont de plus en plus nombreux, que ce soit en littérature, peinture ou théâtre. C'est ancré en nous. On a besoin de s'inquiéter par contre pour les conditions dans lesquelles ils travaillent », a ajouté la comédienne.  Michèle Lemoine n'a pas eu crainte d'évoquer l'éternel problème du monde théâtral en Haïti : on ne fait du théâtre pour la plupart tu temps que dans les festivals. Celle qui a déjà écrit une belle tranche d’histoire du théâtre en Haïti est la mieux placée pour évoquer avant le problème de financement, des lieux appropriés et des équipements. Mais elle a indiqué que certaines pièces ont été montées pour être interprétées à l'intérieur et/ou à l'extérieur. « Aussi, quand on veut se déplacer pour faire un spectacle en province, cela nécessite des coûts additionnels, car il faut apporter le matériel et les équipements. Il faut aussi trouver de l'argent pour payer les techniciens, les comédiens et au final ça ne rapporte pas. Le public, quand il paie, c'est une modique somme », a confié la comédienne/metteure en scène.  Michèle Lemoine se présente comme quelqu'un qui a professé le théâtre, tout en revendiquant aussi un héritage familial. Au contact de son frère Jean-René Lemoine, qui a intégré très jeune le Conservatoire d’art dramatique de la ville où ils vivaient en Belgique, elle a mis les pieds sur un plateau de théâtre très jeune. « Depuis, le virus ne m'a plus jamais quittée », dit-elle. Avant, amoureuse de l'écriture, elle voulait faire des études de lettres. En France, à Montpellier, elle a été au Conservatoire. Tout en essayant d'être comédienne à fond, elle a travaillé, à cette époque, sur des montages de textes. Mais c'est en Haïti qu'elle a véritablement embrassé la carrière de metteure en scène, « presque sur demande et par intérêt artistique ».