Le Nouvelliste
Quelle est l’importance de la cellule scientifique en Haïti ?
April 13, 2020, midnight
Il ne s’agit pas ici d’interpeller la cellule scientifique pour asseoir sa primauté, mais plutôt pour mieux la responsabiliser dans cet échiquier de réponses possibles à la pandémie. Dostoïevski disait dans « L’Idiot » que « La beauté sauvera le monde »… Aujourd’hui, je dis que la science sauvera le monde et Haïti d’une catastrophe humanitaire majeure, résultant de la pandémie du nouveau coronavirus. Le 30 décembre 2019, à moins de 48 heures de la nouvelle année 2020 et d’une nouvelle décennie, la communauté scientifique mondiale recevait une alerte du Program for Monitoring Emerging Diseases (ProMED) pour informer de l’apparition de cas de pneumopathie suspects observés dans la ville de Wuhan, en Chine. Ce fut la genèse de ce qui allait devenir une redoutable pandémie… En effet, il n’a pas fallu longtemps pour que le Covid-19 se propage dans les 5 continents. Le 19 mars 2020, le Président de la République d’Haïti, Son Excellence Monsieur Jovenel Moïse, annonçait le recensement de 2 premiers cas en terre haïtienne. Le 6 avril 2020, a été installée la commission multisectorielle de gestion du Covid-19, créée par arrêté présidentiel, avec pour mission d’assurer la planification stratégique et la coordination des ressources provenant des organisations non gouvernementales et du secteur privé des affaires. Cette commission a, à sa tête, le Dr Jean William Pape, fondateur des centres Gheskio, pionnier de la lutte contre le sida et éminent scientifique, respecté par la communauté scientifique mondiale. Deux autres membres composent cette commission : le Dr Lauré Adrien, directeur général du ministère de la Santé publique, et Paul Oxila. Elle est formée pour une période de 90 jours. Cette commission scientifique marque un tournant dans la stratégie nationale de lutte contre ce nouvel ennemi invisible. Il faudrait que la nation haïtienne, comme un seul homme, ne rate pas cette fois le train de la science et de la raison… Dans le contexte actuel, une cellule scientifique nous aidera certainement à retracer les souches possibles de la maladie, et à la traquer par des moyens efficaces. C’est par la science que d’autres maladies, d’autres épidémies et pandémies ont été vaincues dans les décennies et siècles passés. Il s’agit de notre meilleur allié dans cette guerre. La science consiste à recueillir des faits et à essayer de les expliquer. Le scepticisme est à la base de la méthode scientifique. Il est de mise tant que la preuve n’est pas faite. Viennent ensuite l’élaboration d’une hypothèse et sa preuve… Certaines découvertes scientifiques ont carrément sauvé le monde... Ce fut le cas le 14 mai 1796, date à laquelle le médecin anglais Édouard Jenner découvra la vaccination. On pense aussi à la naissante de la microbiologie faite par Pasteur en 1857, dont les travaux ont été approfondis par Robert Koch, ayant lui-même découvert le bacille de Koch, le fameux bacille de la tuberculose. Justement, dans ce contexte de pandémie du nouveau coronavirus, qui est en réalité 3 pandémies en une seule: pandémie du Covid-19, pandémie de la peur et pandémie de « fake news », la science semble être la réponse appropriée pour sauver des vies et établir un climat de confiance entre la population et ses gouvernants. Haïti est un pays d’oralité et de traditions. Certains savoirs hérités du passé sont transmis de génération en génération. Parmi ces savoirs, la médecine traditionnelle est un acquis qui peut être utilisé comme « arme » dans cette guerre contre le coronavirus. Il faut cependant être prudent car l’utilisation abusive de certaines plantes et en trop fortes doses peut contribuer à dégrader la santé. Et là, encore, le dosage reviendrait aux esprits scientifiques, mais plus que cela, a une certaine forme de rationalité qui fonde le travail du chercheur. Il conviendra donc à la commission multisectorielle de répondre à la question de comment marier ces 2 facteurs : la science et la sagesse médicale traditionnelle ? Tradition des plantes qui se présente aussi comme « réflexe » spontané d’un large pan de la population, surtout celle en milieu rural, pour lutter contre ce nouveau coronavirus. Je pense donc que la cellule scientifique est très importante pour appréhender cette maladie qui met le monde occidental à genoux. D’abord parce que nous vivons dans un pays qui ne croit pas en la science et qui ne croit finalement ni en la maladie ni en la mort. Une cellule scientifique aujourd’hui devrait à mon sens aller au-delà de la pandémie mais nous faire croire que la science existe enfin. Nous sommes à un carrefour du tout est possible, y compris que toutes les croyances idéologiques et religieuses basculent. Déjà qu’elles vacillent dans cette horreur qui remet tout en question et toutes les certitudes avec. Question de vie ou de mort… Cette crise du coronavirus devient donc aussi une crise civilisationelle où l’incertitude parait devenir la seule certitude de la vie. Dans ce monde qui bouge, il faut donc s’appuyer sur la science pour retrouver des repères, exister et survivre aux catastrophes. En effet, de toutes les mesures prises par le Président de la République, son Excellence Jovenel Moïse, l’investiture récente de la cellule scientifique est d’une importance capitale quand on sait qu’il s’agit bien d’une maladie. Pas n’importe laquelle… Et que l’avenir du monde aujourd’hui, l’espoir même du monde, repose sur les travaux actuels des scientifiques qui finiront tôt ou tard par inventer la clé qui permet de fermer enfin la porte de cette affreuse maladie.