Le Nouvelliste
Les avocats du barreau de Port-au-Prince offrent un dernier hommage au Bâtonnier Monferrier Dorval
Sept. 18, 2020, midnight
Alors qu’au matin du jeudi 17 septembre 2020 la famille Dorval avait organisé les funérailles du bâtonnier de l’ordre des avocats de Port-au-Prince en toute intimité, les avocats s'étaient réunis dès quatre 4h p.m. dans la salle horizon de l’hôtel Montana pour rendre un hommage bien mérité, au premier des leurs, tombé sous des balles assassines dans la soirée du vendredi 28 août 2020. Des dizaines d’avocats ont fait le déplacement pour cette soirée organisée en l’honneur du bâtonnier Monferrier Dorval. Si la famille n’avait pas à la dernière minute optée pour des funérailles en toute intimité, la cérémonie de cet après-midi aurait été la veillée funèbre. Et en lieu et place d’une messe de requiem le vendredi 18 septembre 2020, on aurait eu droit aux funérailles de l’homme de loi. Si beaucoup n’ont pas compris ce revirement de dernière minute, ils n'ont cependant d’autre choix que de respecter les volontés des membres de la famille. D’ailleur, quelques-uns, dont ses soeurs, étaient présentes à Montana cet après-midi. Avec Me Rachel Cadet faisant office de MC pour l’occasion, cette soirée se déroule dans une ambiance de recueillement. Des avocats donnent lecture des différentes lettres et messages de sympathies envoyés par différents barreaux et organisations d’avocats à travers le monde. Le secrétaire général adjoint du Jeune barreau de Port-au-Prince, Me Eddy Paul Fleurant, a aussi placé son mot dans le flot des discours qui émaillent cette soirée d'hommages. Avec sa flûte, Me Patrick Laurent interprète quelques morceaux pour casser un peu l’atmosphère solennelle que même des applaudissements ne viennent troubler. Me Patrick Pierre Louis, membre de l’actuel conseil de l’ordre, et professeur de droit constitutionnel comme le feu bâtonnier, brosse un excellent portrait du feu bâtonnier, avec lequel il avait collaboré en maintes fois dans un discours lyrique empreint d’émotions. Me Robenson Pierre-Louis, secrétaire de l’ordre, dans ses propos de circonstance, est très critique face au pouvoir en place et ses dérives et exige que justice soit faite au bâtonnier. “L'assassinat d'un bâtonnier en fonction répond à une volonté de disloquer la justice pour se protéger. Ne pas donner aux greffiers, aux juges et au personnel administratif des moyens de fonctionner les obligeant à des mouvements incessants de grèves est un acte qui ne vise qu'à rendre la justice dysfonctionnelle de manière à retarder les enquêtes, à garder les ennemis politiques en prison, à marchander la libération des incarcérés sous forme de grâce ou autres. Nous ne sommes plus dupes. Nous connaissons cette tactique. Mais la justice triomphera tôt ou tard», a dit le secrétaire général avant de répéter les dernières paroles du bâtonnier. "Je ne m'appartiens plus. J'appartiens au pays. Je fais le sacrifice de ma vie pour mon pays." La soirée s’achève sur les courts propos de la bâtonnière a.i. Me Mary Suzy Legros. Communiant autour d’une sobre collation préparée pour l’occasion, les avocats se séparent en se donnant rendez-vous pour le lendemain à l’église Saint-Pierre pour la messe de requiem qui sera chantée en l’honneur du bâtonnier Monferrier Dorval.