Le Nouvelliste
L’Office de la protection du citoyen critique la mauvaise gestion de l’Etat de la Covid-19
June 5, 2020, midnight
L’Office de la protection du citoyen (OPC) dit constater qu’en dépit de la crise sanitaire provoquée par le coronavirus, les autorités haïtiennes ne prennent pas toutes les mesures qu’il faut pour permettre à la population d’avoir accès aux soins de santé. « Aujourd’hui, en pleine période d’expansion de la pandémie du coronavirus, de nombreux hôpitaux et centres dispensaires publics sont quasi-vides. Des professionnels de la santé ont confié à des enquêteurs de l’OPC qu’ils ne sont pas protégés pour prodiguer des soins aux malades de la Covid-19, faute de matériels adéquats », a affirmé l’insititution dans son dernier rapport daté de juin 2020 titré "La violation du droit à la santé en Haïti en pleine période de la pandémie du coronavirus". Le rapport souligne qu’avant le 1er juin, plus de dix médecins résidents à l’Hôpital de l'Université d'État d'Haïti (HUEH) ont été testés positifs au coronavirus ; une situation obligeant les professionnels de la santé à déserter le "plus grand centre hospitalier du pays". « Aujourd’hui, tout est pratiquement paralysé à l’HUEH », lit-on dans ce rapport de 12 pages. Plus loin, l’OPC n’a pas manqué d’attirer l’attention sur des patients qui meurent chaque jour par manque de soins. Depuis le début de la crise sanitaire en Haïti, relate le rapport, « des patients souffrant d’autres pathologies meurent. Les personnes souffrant d’hypertension, de diabète, de VIH/SIDA ou de maladies cardiovasculaires sont les plus exposées et n’ont pas accès aux soins sanitaires en dépit de leur situation de vulnérabilité ». « Si à l’Hôpital Universitaire de Mirebalais (HUM), les malades de la Covid-19 sont pris en charge, dans d’autres centres hospitaliers, la situation laisse à désirer. Des personnes ayant des symptômes liés aau coronavirus sont incapables de se faire dépister, et dans certains cas, après un résultat positif, l’admission du malade n’est pas automatique », critique l’Office de la protection du citoyen qui affirme le ministère de la Santé n’a pas un système fiable et adéquat de collecte de données sanitaires liées au coronavirus en dépit de la création par le chef de l’Etat d’une Commission multisectorielle de gestion de la pandémie de la Covid-19 et d’une Cellule scientifique de gestion de la crise sanitaire. Fort de ce constat, l’OPC, en sa qualité d’institution nationale des droits de l'Homme (INDH), recommande au président de la République, Jovenel Moïse, de faire de la santé une véritable priorité dans le cadre des politiques publiques pendant et après la pandémie du coronavirus. L'Office de la protection du citoyen recommande aux autorités sanitaires de renforcer, avec le support du ministère de l’Economie et des Finances, les capacités du ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) face à la pandémie de la Covid-19 ; d’améliorer les conditions de travail (au niveau des salaires et des matériels de travail) des professionnels de la santé, notamment les médecins de service, les médecins résidents, les infirmières et auxiliaires, les agents de santé et le personnel de soutien. Il les conseille également d’impliquer les hôpitaux et cliniques privés qui sont mis à l’écart dans la gestion de la pandémie de la Covid-19 en pleine propagation dans le pays. Au Premier ministre Joseph Jouthe, l’OPC l’exhorte de mettre en œuvre des mécanismes visant à respecter et à protéger les droits humains, y compris le droit à la santé, pendant la période de la pandémie de coronavirus.