Le Nouvelliste
Le système bancaire incapable de financer les PME haïtiennes affectées par le Covid-19
May 14, 2020, midnight
Un panel consacré aux impacts de Covid-19 sur les petites et moyennes entreprises (PME) en Haïti, lors de la première journée de la 10e édition du Sommet international de la finance, a soulevé la nécessité notamment pour les autorités économiques et financières du pays de mettre en place un dispositif permettant de rendre disponibles des financements pour les PME, considérées comme les poumons de l’économie. En sus des annonces du président de la République, Gérard Joseph, consultant en organisation et en formation, également cadre de la Banque nationale de crédit (BNC), estime que des supports plus importants à l'endroit des entreprises haïtiennes seront nécessaires, en particulier des PME dont la plupart fonctionnent dans l’informel. Intervenant au dernier panel de la journée du 28 avril 2020 intitulé « Impacts de Covid-19 sur le secteur touristique et les petites et moyennes entreprises (PME) en Haïti », Gérard Joseph a soutenu que le système bancaire haïtien, quoique bien géré, ne pourra pas à lui seul apporter tous ces financements aux entreprises, y compris les PME. Gérard Joseph dit s'être référé aux statistiques publiées récemment concernant le total de crédits distribués le secteur bancaire haïtien qui s’élève à hauteur de 119 milliards de gourdes, soit 1,2 milliard de dollars américains, sur les 320 milliards de gourdes de dépôts collectées. Le système bancaire haïtien fait de son mieux, a reconnu Gérard Joseph. La BRH aussi en favorisant l’inclusion financière pour permettre à beaucoup plus de gens d’intégrer le système et bénéficier, à travers les banques, coopératives entre autres institutions financières, du crédit de manière à trouver les financements appropriés. « Malheureusement c’est insuffisant », a tranché l’intervenant. « Nous avons des PME qui n’attendent que du financement de façon à pouvoir s’organiser, créer des emplois et tirer l’économie haïtienne vers l’avant. » « 76% du commerce qui se fait en Haïti est dans l’informel. Ces gens auront aussi besoin du financement pour poursuivre leurs activités », a indiqué Gérard Joseph, soulignant que la majorité des 49% des emplois générés à travers l’agriculture est dans l’informel. N’empêche que des familles à travers ce secteur d’activité créent des emplois, nourrissent le pays tout en générant des revenus. Cette situation d’informalité des PME constitue un véritable défi pour le financement bancaire en Haïti, si l’on tient compte des chiffres sur le total des crédits distribués par le système bancaire qui représente à peu près 19% du PIB. L’endettement du pays oscille autour de 30% du PIB. Dans ce contexte d’insuffisance, Gérard Joseph a plaidé pour la mise en place en Haïti d’un cadre macroéconomique favorable à l’investissement capable de faire exploser le ratio financement bancaire/PIB de manière à rendre disponibles les financements pour les PME. Ce dernier a également appelé à la création d’une structure pour recueillir des financements pour les PME des pouvoirs publics avec l’appui de la communauté internationale puisqu’Haïti ne pourra pas y arriver tout seul. Dans l’intervalle, la BNC, numéro trois du système bancaire, a créé un produit phare touchant spécifiquement les PME. Il s’agit, a révélé Gérard Joseph, de ProCrédit qui s’occupe de la transformation, de la commercialisation des produits d’importation pour fabriquer des produits locaux qui peuvent être vendus à la fois sur le marché local mais aussi réexportés. À en croire Gérard Joseph, la BNC est aussi intervenue avec un portefeuille de 380 millions de gourdes au niveau de l’agenda pro-croissance mis en œuvre par la BRH pour relancer la production agricole. Le responsable au niveau de la BNC a fait savoir que la banque commerciale de l’État haïtien dispose déjà d’une infrastructure visant à disséminer des financements à l’intention des PME.