this used to be photo

Le Nouvelliste

Des organisations de droits humains inquiètes de la situation au Bicentenaire et à Martissant

May 8, 2020, midnight

La commission épiscopale nationale Justice et Paix (CE-JILAP) se dit très inquiète de la recrudescence de la violence qui sévit au centre-ville de Port-au-Prince, Bicentenaire, Martissant, les avenues Bolosse et Village-de-Dieu. « Ces zones sont contrôlées par des criminels, voleurs de grand chemin et aussi des hommes de main de certains élus … », a souligné l’Office de la protection du citoyen dans un rapport publié cette semaine. « Les habitants vivant dans ces zones sont pratiquement dans l’impossibilité de rester chez eux à cause des affrontements entre des groupes armés », a déploré la directrice de CE-JILAP, Jocelyne Colas Noël, qui parle de plusieurs familles qui se sont retrouvées dans la rue sans rien ni ne savent à quel saint se vouer après que les bandits ont incendié leurs maisons. Lors d’un week-end sanglant (17 au 19 avril) les groupes armés de Grand-Ravine, réagissant à une attaque de « Baz Pilat », ont mis le feu à plusieurs maisons à la 4e avenue Bolosse. Au moins deux personnes ont été tuées alors que le week-end précédent, une vingtaine d'autres ont été lâchement assassinés. La commission se dit choquée par les images des scènes horribles et scandaleuses qui circulent sur les réseaux sociaux montrant des membres d’une des bandes armées du sud de la capitale exhibant des parties du corps d’une de leurs victimes après l’avoir tuée et décapitée. Face à cette cruauté à nulle autre pareille, cette organisation de droits humains met l’État au pied du mur, le rendant responsable de cette fâcheuse situation. « L’aggravation de la violence en Haïti, particulièrement dans les quartiers populaires du sud de Port-au-Prince, est le résultat de mauvaises décisions politiques prises par les gouvernements haïtiens, notamment celui de Moïse-Jouthe », a critiqué la CE-JILAP. « La justice doit sévir contre toute personne physique ou morale qui ne cesse d’alimenter au pays le climat de violence et de la criminalité, en continuant à fournir des armes et munitions aux bandes armées », a recommandé la commission qui demande à l’État d'arrêter de faire de fausses promesses, de proférer des menaces, des déclarations incendiaires inquiétantes et troublantes qui font plus de tort que de bien. Le ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Me Lucmane Délile, avait octroyé 72 heures aux gens de « bien » de Village-de-Dieu pour quitter la zone. Deux semaines après, cet ultimatum demeure sans suite. L’OPC, après avoir qualifié d’ultimatum inhumain la mise en garde du ministre de la Justice, a recommandé à Me Délile d’envisager, à travers la Police nationale d’Haïti, des mesures concrètes liées aux principes généraux de droits humains  visant le démantèlement de tous les gangs armés  en dehors de toute considération politique. Le protecteur du citoyen, Me Renan Hédouville, recommande au Premier ministre Joseph Jouthe de se prononcer sur la situation qui se déroule au Village-de-Dieu et d’annoncer les mesures d’accompagnement qui sont adoptées ou susceptibles d’être adoptées en faveur des familles ayant abandonné le village et celles qui s’y trouvent encore. Pas plus tard que ce vendredi, les armes ont encore retenti dans l’aire de Portail Léogane et de Martissant. Les bandits de Grand-Ravine et de Village-de-Dieu étaient encore à l’œuvre.