Le Nouvelliste
Ratification de politique générale : des mots et des maux pour l’opposition
Sept. 4, 2019, midnight
De deux maux, il faut choisir le moindre, dit-on. Mais comment trouver le mot le plus frappant entre « bandit, insolent, délinquant, inculte, idiot ou corrompu », pour exprimer son amertume quand on vient de se faire déculotter par un adversaire aussi coriace que les députés de la majorité présidentielle, lors de la séance de présentation de la déclaration de politique générale du Premier ministre nommé Fritz William Michel à la Chambre basse ? C’est à cet exercice que les députés de l’opposition se sont livrés ce mercredi 4 septembre 2019, lors d’une conférence de presse, pour expliquer leur capitulation de la veille. Certes, ils ne sont pas tous présents, les députés de l’opposition, mais Jean Marcel Lumérant, Baudelaire Noëlsaint, Abel Descolines, Joseph Manès Louis, Jean Robert Bossé et Roger Milien sont venus dénoncer le fait qu’aujourd’hui « la Chambre basse est devenue un lieu de non-droit ». Dans cette optique, le député de Cabaret, Joseph Manès Louis, ose comparer ses collègues proches du pouvoir aux « bandits du Village-de-Dieu » qui terrorisent les honnêtes citoyens. Leurs remontrances portent d’abord sur le bureau de la Chambre, qui, selon eux, viole le règlement intérieur de la Chambre basse, parce que cette instance a organisé « une conférence des présidents en catimini » afin de se passer d’une demande des députés de l’opposition à propos de la mise en accusation du président de la République et passé à autre chose. Ici, le député de Mirebalais Abel Descolines est clair : « Le bureau n’est pas respectueux de la loi. » C’est dans le but de mener cette plaidoirie que les opposants se sont présentés dans la séance, affirme Abel Descolines. Mais loin des paisibles députés de la majorité qui se laissaient mener par la minorité pendant ces derniers mois, l’opposition a buté sur « une velléité de violence du côté des collègues députés ». Voilà ce qui a motivé l’opposition à jeter l’éponge, souligne Abel Descolines, rappelant que son groupe n’a pratiqué « ni le marronnage ni fait de compromission ». Abel Descolines avance que l’opposition était en « danger » et pour preuve, ses alliés ont apporté un pistolet qui, affirme-t-il, était en possession du député de Beaumond Annouce John Bernard. Selon le député Jean Robert Bossé, l’opposition a récupéré cette arme qui s'échappait à la ceinture du député de Beaumont, John Bernard Annouce, au moment où ce dernier mobilisait toutes ses forces pour éjecter du haut de la tribune le député Pierre Féquière Julien qui voulait renverser le lutrin. Selon le député Jean Robert Bossé, l’arme en question n’est pas enregistrée et est donc illégale. « C’est la preuve qu’il y avait une prédisposition à assassiner des collègues de l’opposition », concluent les députés, arguant que « la démocratie haïtienne est prise en otage par des bandits ».