Le Nouvelliste
Haïti continue de régresser dans l’Indice de liberté économique de la Fondation Heritage
Feb. 3, 2021, midnight
Pour la 26e année consécutive, la Fondation Heritage, un groupe de réflexion (think tank) basé à Washington (États-Unis), publie Indice de liberté économique mesurant les progrès de 186 pays dans les principes de liberté économique au moyen de 12 indicateurs allant des droits de propriété à la liberté financière. En 2020, le score de liberté économique d’Haïti est de 52,3, ce qui fait de son économie la 153e de ce classement. Son score global a diminué de 0,4 point en raison de la baisse des scores de liberté monétaire et de liberté commerciale. Haïti est classée 27e sur 32 pays de la région des Amériques, et son score global est bien en-dessous des moyennes régionales et mondiales. Haïti a donc rétrogradé de deux places comparativement à l’année 2015 quand le pays était classé à la 151e place mondiale. À l’époque, l’index 2015 de la Fondation Heritage avait estimé qu’Haïti était un des endroits les plus difficiles au monde pour faire des affaires, que l'environnement réglementaire pour les entreprises et la main-d'œuvre était obsolète et inefficace. En l’espace de cinq ans, force est de constater que les choses n’ont évolué dans le bon sens pour l’économie haïtienne. « Une mauvaise gestion économique et des catastrophes naturelles paralysantes ont fait des ravages humains et économiques terribles en Haïti. Des années de volatilité politique ont gravement compromis de meilleures performances sur des indicateurs de l'Indice tels que la liberté financière, la liberté des affaires, les droits de propriété, l'efficacité judiciaire et l'intégrité du gouvernement. Tout espoir d’un avenir plus prospère dépendra de la volonté et de la capacité du gouvernement d’entreprendre des réformes sérieuses dans ces domaines », précise la Fondation Heritage dans l’Index 2020. « Pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental, Haïti est en proie à une corruption généralisée, à la violence des gangs, au trafic de drogue et au crime organisé […] Un quart de la population haïtienne vit dans une extrême pauvreté », soutient le think tank américain. Si le PIB continue d'enregistrer une croissance très faible en Haïti, de l’autre côté de la frontière, la croissance du PIB dominicain, au cours des cinq dernières années, a cependant augmenté, car la croissance de la construction, du tourisme et des zones de libre-échange a amené le secteur des services à dépasser l'agriculture en tant que principale source d'emplois. Le score de liberté économique de la République dominicaine est de 60,9, ce qui fait de son économie la 95e de l’indice 2020. Son score global a diminué de 0,1 point, principalement en raison d'une baisse du score de santé budgétaire. La République dominicaine est classée 19e sur 32 pays de la région des Amériques et son score global est à peu près égal aux moyennes régionales et mondiales. En Haïti, selon le rapport, les taux d'imposition les plus élevés sur le revenu des particuliers et les sociétés sont de 30%. Les autres taxes comprennent les taxes sur la valeur ajoutée et les plus-values. La charge fiscale globale équivaut à 13,3% du revenu intérieur total. Les dépenses publiques ont représenté 18,8% de la production (PIB) du pays au cours des trois dernières années et les déficits budgétaires ont représenté en moyenne 1% du PIB. La dette publique équivaut à 33,0% du PIB. La valeur totale des exportations et importations de biens et services équivaut à 75,5% du PIB. Le taux tarifaire moyen appliqué est de 6,5 pour cent, et la liberté commerciale globale est considérablement entravée par des barrières non tarifaires. Les investisseurs étrangers bénéficient du traitement national, mais le régime d'investissement manque d'efficacité. La plupart des transactions financières sont gérées de manière informelle et le crédit pour les nouvelles entreprises commerciales est gravement limité. Si Cuba (178e), Venezuela (179e) et Corée du Nord (180e) occupent la queue de ce classement, en revanche Singapour dans l’indice 2020 demeure l’économie la plus libre du monde avec un score de liberté économique de 89,4. Singapour se classe donc au premier rang sur 42 pays de la région Asie-Pacifique, et son score global est bien supérieur aux moyennes régionales et mondiales. Comment mesure-t-on la liberté économique? Fondée en 1973, la Fondation Heritage est une institution indépendante et une des plus grandes organisations de recherche de politiques publiques des États-Unis. Elle mesure la liberté économique sur la base de 12 facteurs quantitatifs et qualitatifs, regroupés en quatre grandes catégories, ou piliers, de la liberté économique: État de droit (droits de propriété, intégrité du gouvernement, efficacité judiciaire) ; Taille du gouvernement (dépenses publiques, fardeau fiscal, santé budgétaire) ; Efficacité réglementaire (liberté des entreprises, liberté du travail, liberté monétaire) et Marchés ouverts (liberté commerciale, liberté d'investissement, liberté financière). Chacune des douze libertés économiques au sein de ces catégories est notée sur une échelle de 0 à 100. La note globale d’un pays est obtenue en faisant la moyenne de ces douze libertés économiques, avec un poids égal à chacune.