Le Nouvelliste
Port-au-Prince : des journalistes ont marché contre les brutalités policières
Jan. 28, 2021, midnight
Plus de deux cents journalistes et sympathisants ont marché dans les rues de Port-au-Prince à l’initiative du « Collectif de médias en ligne » pour dire « non aux brutalités policières envers les journalistes », jeudi 28 janvier 2021. Sur tout le parcours, ils ont, entre autres brandi des pancartes rappelant que les journalistes ne doivent pas être la cible de policiers ; qu’il n’y a pas de démocratie sans liberté d’expression ; que le journaliste doit exercer librement sa profession dans le cadre de la loi, que justice doit être rendue à Néhémy Joseph, Rospide Pétion... « Nous constatons ces derniers temps une hostilité grandissante des policiers à l’égard des journalistes », a confié au journal un reporter de Vision 2000, Diégo Charles. Les journalistes ne sont pas violents. Ils ont seulement besoin de faire leur travail, d’informer la population. Nous ne savons pas pourquoi ils sont la cible des policiers », lâche-t-il. « Les journalistes contribuent à la démocratie dans un pays. Si eux, en tant que contributeurs à la démocratie, sont menacés dans leur droit, leur fonction, c’est qu’il y a un problème. C’est pour cette raison qu’il est important pour moi d'être là aujourd’hui, que la presse marche pour dire que quelque chose ne marche pas, qu’il faut le redresser », a souligné Joël Fanfan, journaliste à Radio Télé Caraïbes (RTVC). « Des journalistes, selon un article d'AyiboPost, m’ont expliqué que depuis l’an passé, depuis 2018 même, qu’ils ont observé une recrudescence inquiétante des cas de violence contre les travailleurs de presse. Nous pensons que si vous mettez ce que disent les journalistes en perspective par rapport à ce que fait l’administration en place, vous sentez qu’Haïti glisse sur une pente anti démocratique et il est important que des journalistes se réunissent pour dire non. Pour dire que l’on ne peut pas perdre les acquis de Constitution de 1987 », confie Wildlore Mérencourt , chef de la rédaction d’Ayibopost, un média en ligne. L'AJH condamne « L’AJH condamne les actes de violence de la PNH sur les journalistes dans l’exercice de leurs fonctions. Ces actes constituent des violations de la Constitution, de traités et de conventions ratifiés par Haïti qui protègent la liberté de la presse », fait savoir Jacques Desrosiers, secrétaire général de l’AJH, joint par téléphone par Le Nouvelliste. Robes Dimanche de radio télé Zénith, l’un des instigateurs de la marche, a dénoncé les agressions subies par les journalistes dans l’exercice de leurs fonctions et souligné qu’il ne saurait avoir d’antagonisme entre la presse et la police. La police doit assurer la sécurité des travailleurs de la presse, a-t-il confié, avant d’aller rencontrer le responsable de l’OPC, Me Renan Hédouville alors que les journalistes criaient qu’ils n’avaient pas d’armes en exhibant leur matériel de travail et citaient les noms de journalistes assassinés. « La police doit garantir la sécurité des journalistes dans l’exercice de leurs fonctions. Ils ne peuvent être victimes de brutalités policières. Les policiers doivent avoir un autre comportement. Nous demandons à l’Inspection générale de la police nationale d'Haïti d’être vigilante par rapport aux comportements des policiers qui brutalisent la population et les journalistes qui font leur travail d’informer », exige Marie-Yolène Gilles, de la FJKL. Pierre Espérance du RNDDH, en face des locaux de l'institution où la marche a fait un arrêt, dénonce lui aussi les brutalités policières. Jean Venel Remarais, DG de radio Solidarité et président de l’AMIH, dénonce « La répression et les bastonnades contre des journalistes clairement identifiés, signifie que ces policiers ne comprennent rien à rien », affirme Jean Venel Remarais, directeur général de Radio Solidarité et président de l’Association des médias indépendants (AMI). « Je dénonce ces actes de violence contre des journalistes », poursuit-il, soulignant que sa présence à cette marche exprimait sa solidarité avec la cause de la liberté d’expression. L’ANMH dénonce Avant la marche de ce jeudi, l’Association nationale des médias haïtiens (ANMH) avait dénoncé, dans une note rendue public le 25 janvier dernier, les attaques caractérisées contre la presse.« Au cours des dernières manifestations, le journaliste Réginald Rémy de radio Caraïbes, clairement identifié, a reçu trois balles d’une patrouille de police alors qu’il exerçait sa profession en accord avec les garanties constitutionnelles quant à la liberté de la presse et la liberté d’expression. D'autres reporters, Destiné Alvales de ALTV, Reynald Petit-Frère de Signal FM ont été l'objet d'agression dans l'exercice de leurs fonctions. L'ANMH dénonce ces attaques caractérisées contre la presse et exige que la police et les autorités gouvernementales respectent la liberté de la presse d'informer et d'exercer ses prérogatives en toute sécurité et en toute liberté, sans préjudice des poursuites que les victimes et les médias doivent entreprendre contre les prédateurs de la liberté de la presse », pouvait-on lire dans cette note.