Le Nouvelliste
Coronavirus : le professeur Ary Régis plaide pour une meilleure stratégie de communication
April 6, 2020, midnight
Deux semaines après l’identification des deux deux premiers cas de coronavirus, la majorité de la population, semble-t-il, n’a pas pris conscience du danger que représente cette maladie. Dans les transports en commun, dans les marchés et dans d’autres lieux de rassemblements publics, les gens continuent de faire comme avant. Certains vont jusqu’à nier l’existence de la maladie. Invité lundi à l’émission Panel Magik, le professeur Ary Régis, spécialiste en communication, critique la stratégie de communication mise en œuvre par les autorités. « Jusqu’à présent, les principaux acteurs s'inscrivent dans une démarche de diffusion d’informations et cette démarche vise à créer une certaine perception. Ils véhiculent des informations sur la maladie et les consignes à appliquer pour se protéger ainsi que des informations politiques », juge Ary Régis, pour qui cette stratégie n’est pas « intéressante » dans un contexte de crise comme celui du coronavirus. La démarche de la communication doit s'appuyer non seulement sur l’information, mais aussi sur l’éducation, recommande Ary Régis qui critique les autorités de n’être pas assez transparentes dans la gestion de la communication de la crise. « Les médias qui sont disposés à mettre disponibles leurs antennes n’ont pas suffisamment d’informations », déplore le président de l’Association mondiale pour la communication chrétienne dans la Caraïbe (WACC-Caraibe). Il fait remarquer que les pays où la stratégie de communication donne des résultats ce sont les pays dans lesquels les médias ont accès aux informations. Pour mieux coordonner les activités de communication liées au Covid-19 l’État s’est donné le Centre d’information permanent au coronavirus. Une cellule de communication a par la suite été créée par le chef de l’État, ce qui n’empêche pour autant de constater l’absence d’un porteur de message ou porte-parole crédible. « Les politiques peuvent toujours intervenir mais il faut qu’il y ait un porte-parole qui jouit d’une crédibilité aux yeux de la population et qui a une capacité de mobilisation », conseille le professeur. Les autorités politiques doivent se faire accompagner de spécialistes qui peuvent aider, insiste-t-il. Selon lui, la ministre de la Santé publique essaie de jouer ce rôle mais elle le fait « très, très timidement ». Le professeur Ary Régis a toutefois fait remarquer que la communication n’est pas une panacée. « La communication ne peut pas tout changer. Le plan de communication doit être calqué sur les autres plans », reconnait-il. S’il n’existe pas un plan de réponse sanitaire relatif à la maladie la communication ne va pas faire de miracle, laisse entendre le professeur Ary Régis, qui craint que la stratégie de communication utilisée par les autorités consistant à créer une perception qu’ils ont le contrôle de la situation puisse à la longue les desservir comme un effet de boomerang. Le professeur rappele que les autorités qui sont actuellement aux commandes, notamment le président, faisaient déjà l’objet de dénonciations pour mauvaise gestion de la chose publique.