Le Nouvelliste
3 nouvelles facultés de médecine reconnues en Haïti : quelles perspectives ?
Feb. 20, 2020, midnight
Sur le site du ministère de la Santé publique et de la Population, la liste des facultés de médecine reconnues n'a pas été mise à jour. La nouvelle n'a pas fait de vague, tout se passe à la cloche de bois. Les facultés de médecine des universités épiscopale d'Haïti, Mont-Everest et Royal viennent d'être autorisées à fonctionner. "De nouvelles facultés ont obtenu leur autorisation de fonctionnement. Il s'agit de 3 facultés de médecine regroupées au sein d'un consortium. Cependant, il y a une quatrième qui est quasiment reconnue, c'est la faculté de médecine de l'Université Chrétienne de la communauté Caïman à Pignon", a confié une source à la direction de la formation professionnelle du MSPP Dans une entrevue accordée au quotidien Le Nouvelliste en toute exclusivité, le vice- doyen de la faculté de médecine de l'université épiscopale annonce la nouvelle en grande pompe, avec des projets plein la tête. "S'il est vrai que la reconnaissance a été accordée à un consortium de 3 facultés de médecine, il faut souligner que les facultés fonctionnent en toute indépendance. Déjà, nous sommes en train de finaliser l'ouverture de 12 laboratoires pour compléter l'apprentissage de nos étudiants. Pour nos stages, nous utilisons déjà les mêmes centres hospitaliers que les autres facultés de médecine privées", confie le Dr Jude Jean-Jacques, qui souligne que l'autorisation qui leur a été accordée est une autorisation permanente. Quelles perspectives? Selon la procédure actuelle, les facultés de médecine commencent à fonctionner avec une simple autorisation du ministère de l'Éducation nationale au même titre que toutes les institutions supérieures. C'est au moment de la demande de reconnaissance que le MSPP est au courant de l'existence de ces facultés. "Aujourd'hui plus de 20 facultés de médecine sont sans reconnaissance et n'ont jamais fait une demande d'autorisation. À ce stade, le MSPP ne peut rien faire. Une formule doit être trouvée pour combattre le problème en amont puisque les médecins formés dans ces facultés gagnent les villes de province et soignent souvent au mépris des normes et principes établis", avoue un responsable. .. Ces nouvelles reconnaissances ont été accordées environ un mois après que le ministère de la Santé publique et de la Population ait annoncé avoir des difficultés à contrôler le nombre d'internes des facultés de médecine privées. Il est à se demander quelles exigences particulières ont été faites en la matière aux facultés de médecine fraîchement reconnues. Qu'à cela ne tienne, ces facultés de médecine doivent faire face à la rigoureuse exigence de l'ECMFG qui est l'obligation aux facultés de médecine de fonctionner suivant les normes internationales. En dehors de cette accréditation, le diplôme de médecine délivré par ces facultés ne sera reconnu ni aux États-Unis ni au Canada. Par rapport aux hôpitaux devant former les internes et les résidents de ces facultés, il est connu que depuis des lustres le nombre de centres hospitaliers spécialisés et d'hôpitaux universitaires n'a pas augmenté. Les étudiants de l'Université Notre-Dame d'Haïti organisent depuis une semaine des mouvements de protestation en vue de forcer les dirigeants à assumer leurs responsabilités, notamment en mettant à leur disposition des centres hospitaliers pour faire leur internat depuis que le MSPP a décidé qu'ils ne seront plus acceptés à l'hôpital universitaire Justinien. Chaque année, des médecins diplômés se lancent dans une bataille larvée pour environ 200 postes de spécialités dans les hôpitaux publics et les centres spécialisés. 3 nouvelles facultés de médecine reconnues, bientôt une quatrième s'ajoutera à la liste. C'est une bonne nouvelle pour le pays qui compte moins de 10 professionnels de santé pour 10 000 habitants. Cependant, par rapport aux problèmes rencontrés par les facultés de médecine privées durant ces dix dernières années, il est à se demander si toutes les mesures ont été prises en termes de régulation pour éviter de répéter les mêmes erreurs.