this used to be photo

Le Nouvelliste

Les vols de déportation vers Haïti se poursuivent sous l’administration Biden

Feb. 10, 2021, midnight

La décision de l’administration Biden de suspendre les vols d’expulsion vers Haïti n’aura tenu que le temps d’un week-end. En effet, l’Agence de police douanière et de contrôle des frontières (ICE) du Département de la Sécurité intérieure des États-Unis (DHS) ne s'est pas astreinte à l’injonction du locataire de la Maison-Blanche en date du vendredi 5 février dernier et a repris ses vols de déportation à partir du lundi 8 février 2021. Alors que les activistes et les membres du Congrès pensaient avoir obtenu gain de cause sur les expulsions des sans-papiers vers Haïti, deux vols charters de l’agence ICE, prévus lundi de Laredo au Texas en direction de Port-au-Prince, les ont vite fait déchanter. En effet, les officiels de ICE ont expulsé lundi dernier au moins 72 personnes vers Haïti, dont un bébé de deux mois et 21 autres enfants, en violation flagrante des ordres de l'administration Biden de ne renvoyer que des terroristes présumés et des condamnés potentiellement dangereux criminels, a appris la rédaction du journal Le Nouvelliste. Les défenseurs des droits des migrants ont tenté désespérément ce mercredi de bloquer un avion qui était en partance pour la capitale haïtienne depuis Laredo au Texas alors que le vol de mardi avait à son bord 5 femmes enceintes et 17 enfants âgés de 3 ans ou moins, selon ce qu’ont rapporté des sources dignes de foi. Ce refus de ICE de se conformer aux nouvelles lignes directrices établies par Joe Biden et son secrétaire à la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas, a provoqué un tollé auprès des organisations de défense des droits des migrants. La nouvelle administration a ordonné un moratoire de 100 jours sur toutes les expulsions qui a été temporairement bloqué par un juge au Texas.  «Il est inadmissible pour nous en tant que pays de continuer avec les mêmes politiques draconiennes et cruelles que celles menées par l'administration Trump», a déclaré au journal The Guardian Guerline Jozef, directrice exécutive  de Haitian Bridge Alliance, un groupe de soutien à l'immigration. L'attachée de presse de la Maison-Blanche, Jen Psaki, a fait savoir que l'administration Biden continuera d'expulser la plupart des migrants et des demandeurs d'asile de la frontière américano-mexicaine en référence à une politique migratoire de l'ère Trump. Le traitement des demandes d'asile le long de la frontière « ne se fera pas immédiatement », a déclaré Psaki dans des propos relayés par The Guardian. Elle a indiqué qu'il y a eu « des circonstances incroyablement restreintes et limitées » dans lesquelles des migrants ont été libérés pour attendre leurs audiences aux États-Unis. ICE poursuit les déportations en vertu de l'utilisation controversée du titre 42, une loi sur la santé introduite en 1944 qui était rarement utilisée jusqu'à récemment. L'administration Trump a suralimenté son application sous prétexte qu'elle était nécessaire en tant que mécanisme de protection de la santé contre la pandémie de coronavirus. Trump a continué à suivre une approche agressive des expulsions haïtiennes jusqu'aux dernières heures de sa présidence. La veille de son départ de la Maison-Blanche, un dernier vol de déportation a été envoyé en Haïti avec un homme qui n'était pas citoyen haïtien et qui n'était jamais allé dans ce pays. Entre les derniers jours de la fin de mandat du président Trump et les jours ayant suivi la prestation de serment de Joe Biden, ICE a procédé à l’expulsion de 484 immigrants haïtiens, a comptabilisé  le Mouvement du réseau d'action familiale (FANM), une organisation de défense des droits des migrants qui a lancé une pétition contre ces vols de déportation. « Faites savoir au président Biden que l'expulsion forcée de demandeurs d'asile n'est pas un système d'asile humain et qu'elle doit être arrêtée! Signez la pétition », a posté FANM sur les réseaux sociaux. Sources combinées