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Le Nouvelliste

Médecins sans frontières pourrait suspendre ses activités à cause de l’insécurité

Jan. 29, 2020, midnight

L’organisation humanitaire Médecins sans frontières a annoncé qu’elle pourrait suspendre ses activités dans plusieurs quartiers de Port-au-Prince en raison de l’insécurité qui traîne derrière elle chaque jour son lot de victimes. Dans une note datée du 29 janvier 2020, MSF révèle que ses centres hospitaliers sont attaqués par des bandits armés, son personnel et ses patients subissent des agressions et que ce climat entrave ses capacités à garantir le maintien de ses activités. « Si les conditions ne sont pas réunies, il nous deviendra difficile de continuer à garantir un accès aux soins dans certains quartiers de Port-au-Prince ou certaines zones du pays », a annoncé ce mercredi Médecins sans frontières, qui alerte sur les situations d’intimidation et de violence dont font l’objet patients, médecins, infirmières et techniciens. Personne n’y échappe. Les bandits, trop puissants, imposent leur volonté dans une zone métropolitaine abandonnée. Installée entre autres à Martissant (centre d'urgence et de stabilisation) depuis 14 ans, à Cité Soleil (hôpital de Drouillard spécialisé dans la prise en charge des grands brûlés), depuis 9 ans- zones réputées de non-droit-, l’organisation sanitaire craint pour la sécurité de ses employés. « En l’espace de quelques semaines et ces derniers jours tout particulièrement, nos équipes et nos patients ont subi des menaces de la part d’individus agressifs à l’intérieur même des structures de santé ou lors de leur passage en ambulance ; nos locaux et véhicules ont été la cible de caillassage ; des menaces ont été proférées à l’encontre de notre personnel par des personnes voulant se faire recruter »,  a dénoncé MSF. Face à cette situation, Hassan Issa, chef de mission pour MSF-France en Haïti, lance un cri d’alarme. Il appelle les membres de groupes armés, les manifestants, les forces de l’ordre et tout un chacun à respecter la sécurité et la protection du personnel médical, des structures hospitalières et des ambulances. Un mois après avoir pris la décision de rouvrir son Centre de traumatologie et de chirurgie d'urgence (hôpital N'ap Kenbe)  à Tabarre, MSF laisse croire que certains projets pourraient faire les frais de l’insécurité. Fermé en juin 2019, le projet hôpital N’ap Kenbe a été reconduit à cause de « l'aggravation de la crise politique et économique qui pèse lourdement sur tous les aspects des soins médicaux en Haïti ». Au début du mois de janvier en cours, les différents chefs de mission de MSF en Haïti, au cours d’une conférence de presse, avaient déjà tiré la sonnette d’alarme sur cette situation. Les responsables ont fait remarquer que les structures médicales de MSF ne sont pas les seules touchées. D’autres hôpitaux et centres de santé ont fait aussi l’objet de pillage et d’attaque. MSF dit espérer également que ces structures, vitales pour la population, pourront être épargnées afin que blessés, femmes, enfants et malades puissent bénéficier des soins dont ils ont besoin.  Rappelant que MSF  est présent en Haïti depuis près de 30 ans, la note a indiqué que les équipes de MSF ont toujours été aux côtés de la population durant les moments les plus difficiles comme lors des violences de 2004, du tremblement de terre de 2010, de l’épidémie de choléra ou de l’ouragan Matthew. Depuis quelques mois, la machine terrifiante de l’insécurité n’a pas de frein. Il y a une résurgence des actes de banditisme à travers le pays. Le Premier ministre Jean-Michel Lapin, démissionnaire qui a reconnu la détérioration du climat de sécurité, avait annoncé des actions. On les attend encore.