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Le Nouvelliste

75% des détenus de nos prisons sont en détention préventive prolongée

Feb. 12, 2020, midnight

«L’effectif total de la population carcérale est de 11.463 détenus. 75% font partie de la détention préventive. 25% sont constitués de condamnés», a d’entrée de jeu déclaré le porte-parole adjoint de la Police nationale Garry Desrosiers. Les chiffres communiqués par l’inspecteur divisionnaire font état de 10 468 hommes en détention. Parmi eux, 2 716 sont condamnés. En ce qui concerne les femmes, seulement 71 sur 771 sont déjà jugées. La détention préventive prolongée touche aussi les mineurs. Pour les garçons, 178 des 211 détenus ne sont pas jugés. Par contre, parmi les 13 mineures, deux sont condamnées. Ces derniers sont gardés dans les prisons civiles du pays et cinq commissariats. Un partenariat est établi entre la Direction de l’administration pénitentiaire et ces commissariats afin de leur fournir chaque mois les moyens financiers pour assurer la prise en charge de ces détenus. «Ces commissariats sont responsables de la sécurité de ces locaux », a rappelé l’inspecteur divisionnaire Garry Desrosiers. «Le plus gros problème reste la surpopulation carcérale. Cela entraîne des problèmes d’assainissement», a reconnu Noël Charles Nazaire, directeur de la DAP. En effet, des cellules de moins de quatre mètres carrés hébergent environ 30 prisonniers. Le Pénitencier national, qui a été construit pendant l’occupation américaine, a une capacité d'accueil de 400 personnes seulement. «Des réaménagements ont permis qu’ils détiennent 800 personnes. La prison renferme aujourd’hui plus de 3 000 détenus. Vous admettez qu’il y a un problème», s’est désolé le commissaire divisionnaire. M. Nazaire a en outre souligné des efforts réalisés pour décongestionner les prisons. À cet effet, la prison civile de Pétion-Ville est quasiment achevée et une autre démarre à Carrefour. À Saint-Marc et à Petit-Goâve également sont entreprises de telles initiatives que supporte l’ambassade américaine en Haïti. Pour le responsable de l’Administration pénitentiaire, leurs efforts et ceux des autorités judiciaires ont valu la réduction du taux de la détention dont le nombre qui avoisinait 13 000 il y a quatre mois. N’empêche que les conditions de détention se sont détériorées avec la paralysie des activités du pays en septembre 2019. Pour couper court aux rumeurs, le directeur de la DAP a confié que les détenus sont nourris: «C’est vrai qu’il y a des problèmes, mais les détenus ne passent jamais une journée sans manger au moins une fois.» Le retard dans l’adoption du budget n’est pas sans conséquences sur le fonctionnement des prisons, selon lui. À présent, «la passation de marchés publics touche à sa fin». Les fournisseurs, enchaîne-t-il, vont continuer à distribuer de la nourriture afin que les prisonniers puissent manger deux fois par jour. Pour pallier le problème d’assainissement au plus grand centre carcéral du pays, a fait savoir Noël Charles Nazaire, des travaux de réaménagement financés par la Minujusth ont permis de construire une toilette dans chacune des 100 cellules. Un autre projet vise à construire un complexe pénitentiaire de l’Ouest en vue d’y établir plusieurs prisons. «La Direction générale des impôts (DGI) a déjà mis à notre disposition un terrain à Ganthier. Dans ce centre, il devrait y avoir une industrie pénitentiaire», a révélé le numéro un de la DAP. Cependant, ces mesures sont loin de résoudre le problème de la détention préventive prolongée qui exigerait une synergie des autorités concernées. La détention préventive prolongée s’élève à plus de 8 000 détenus.