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Le Nouvelliste

Appel aux sociétés civiles du monde : une politique raciste

June 16, 2020, midnight

Il n’y a pas d’autre nom pour qualifier l’attitude de tout représentant d’un pays étranger ou d’une institution internationale qui défendrait l’idée que le mandat de Jovenel Moïse s’achèverait en 2022 plutôt qu’en 2021. Il y a une jurisprudence appliquée par Jovenel Moïse lui-même, et la Constitution est claire. Qui de l’international veut que Jovenel Moïse reste encore au pouvoir et pourquoi ? Il y a des raisons d’enrichissement personnel. Depuis plus d’une vingtaine d’années, alors que la situation du pays en général et des masses populaires en particulier ne fait qu’empirer, des fonctionnaires de l’international viennent ici s’enrichir, exécuter des plans de carrière. Ces fonctionnaires-là ne demandent qu’une chose : un pouvoir qui ne les contrarie pas et une mission qui leur garantit un salaire. Il y a le donnant, donnant avec l’OEA et les Etats-Unis. Maduro vaut bien des milliards de dollars ayant enrichi des politiciens haïtiens. Maduro vaut bien la répression politique en Haïti qui a tué des militants pro-démocratie (l’expression ne vaudrait-elle que pour Hong Kong ?), qui tue encore dans les milieux populaires haïtiens sous la forme d’un banditisme toléré, sinon organisé par le pouvoir. Il y a l’arrogance sur fond de racisme de l’Occident. Depuis que le Core Group, les institutions internationales font chou et rave dans ce pays, la situation du peuple a empiré. La parodie de démocratie sur fond d'élections truquées permet de dire « notre modèle fonctionne ». Qu’importe que des Haïtiens meurent, qu’importent la faim, la corruption. La misère haïtienne n’est rien. Il y a un mensonge à sauver. Un faux-semblant à perpétuer. Il y a le racisme qui ne dit pas son nom. Parce qu’ailleurs on ne tolère pas qu’un président prolonge son pouvoir au-delà de son mandat. Parce qu’ailleurs quand les peuples descendant dans les rues, on applaudit « la lutte pour la démocratie ». Parce qu’ailleurs on dénonce des crimes contre l’humanité quand des pouvoirs ou leurs proches exécutent des massacres. Mais ici, ce ne sont que des « nègres », ils n’ont qu’à la fermer et laisser le gand-patron-civilisé décider et agir, leur dicter ce qui est bien. Ils n’ont qu’à se contenter de l’apparance. Que savent-ils de la démocratie, de la gouvernance ? Qu’ils obéissent à nos consignes et on leur jettera des miettes. Il y a enfin cette histoire particulière haïtienne, cette rupture par la force avec le colonialisme, l’esclavage moderne et le racisme qui les alimentait. Sans verser dans la paranoïa. Il y a que, en 1804, la révolution haïtienne et la création d’un Etat noir étaient impensables pour l’Occident. Que cela a dicté pendant longtemps les politiques occidentales. Quelque chose n’en est-il pas resté ? Cela ne signifie pas que tous les Occidentaux et tous leurs représentants participent de cette politique du mensonge, du mépris. On ne peut exclure la responsabilité personnelle. Deux exemples majeurs : Le secrétaire général de l’OEA est connu pour ses positions intéressées. Ceux qui ont voté pour lui le savent, c’est même pour cela qu’ils ont voté pour lui. La représentante du secrétaire général des Nations unies ne semble guère valoir mieux. C’est l’heure, justement, pour les Occidentaux de montrer qu’ils ne sont pas tous unis contre le peuple haïtien. A l’heure où l’on dénonce le racisme dans l’une de ses expressions des plus barbares, la violence policière, il conviendrait que les sociétés civiles occidentales payent une attention particulière aux relations que les Etats et les institutions que leur argent finance entretiennent en leur nom avec les sociétés du Sud ou dites « périphériques ».