Le Nouvelliste
La magie de l’union
Nov. 14, 2019, midnight
Au-delà de la défaite infligée par des va-nu-pieds sur une armée napoléonienne, la plus forte de l’Europe conquérante, colonialiste, il y a un aspect particulier, de cette guerre épique menée par nos Pères africains, réduits en esclavage dans la colonie de Saint Domingue, à souligner à l’encre forte : la magie de l’union qui a fait la force. Celle-là ne doit pas être inscrite en note de bas de page, la magie qui a banni, de l’esprit, la suprématie, bien entretenue, de l’homme blanc sur le nègre, en plus, esclave ; qui a transcendé la supériorité historique de l’adversaire, cette armée de France rompue à l’art militaire, mieux entrainée, mieux pourvue en termes de munitions, d’équipements…Il ne faut pas attendre que Vertières soit définie dans les dictionnaires des vaincus pour qu’elle symbolise l’ultime bataille qui a consacré l’abolition de l’esclavage, qui a mis fin au commerce triangulaire mondial, qui a mis fin à un système planétaire de production de la richesse , qui a sapé les fondements de l’ambitieux projet d’un empire colonial français en Amérique, qui a campé l’homme noir, dans ses dimensions surhumaines, préférant la mort à l’esclavage, animé par la rage de vaincre l’oppression… Il ne faut pas s’attendre que les vaincus et alliés enseignent à leurs rejetons que Jean Jacques Dessalines représente l’un des plus grands guerriers du XIXe siècle, que François Capois (dit Capois la mort) a été la vaillance, l’endurance, l’intrépidité, l’honneur du militaire de son temps.Le Rassemblement des démocrates, nationaux, progressistes (RDNP) ne tire pas, aujourd’hui, de ce simple rappel des prouesses du 18 novembre 1803, un motif de fierté, digne de nostalgiques, accrochés à une gloire passée, mais, plutôt, une occasion de réveiller les consciences sur nos actes manqués, sur les oublis de notre histoire, unique, qui nous condamnent aux plus vils des assujettissements, à la plus grande déperdition des valeurs ancestrales, aux plus grands écarts de conduite par rapport à l’objet de la Bataille de Vertières, conduisant à la déclaration d’indépendance du territoire que nous a légué nos Aïeux. Plutôt, le RDNP revendique que notre histoire, écrite par nous descendants des vainqueurs, soit enseignée (plus jamais, pareille à une quelconque matière facultative dans un programme pour étudiants étrangers) à nos progénitures, de sorte qu’elles puissent être imprégnées de l’esprit magique et mythique de Vertières : la solidarité, la suprématie du collectif sur l’individuel, le sacrifice des intérêts de classes au bénéfice de ceux de toutes les classes, l’union qui doit continuer à faire la force. Et que ces générations montantes ne portent pas, dans leur cœur, l’Idéal de la Patrie, gravé dans des appendices en petits caractères, voire, en souvenir blasé du passé.Il nous faut reconnaître que, pour cela, l’histoire de cette bataille doit s’inscrire dans un présent continu, dans les faits actuels, dans la réalité à vivre par les générations montantes pour qu’elles soient en mesure de jouir d’une parfaite égalité des droits et privilèges liés à leur citoyenneté commune. Il nous faut reconnaître que la conduite calamiteuse actuelle des affaires de l’État s’écarte de l’esprit de Vertières et ne saurait porter nos enfants à travailler, à se sacrifier, pour ennoblir, enrichir, nourrir cette République chaotique, discriminatoire, infestée de «bandits légaux». Nous devons une grande bataille de Vertières à ces générations montantes… Aujourd’hui, plus que jamais, n’a été si intense, si légitime, la nécessité de se laisser pétrir par ce profond sentiment de vivre dans l’union qui doit faire notre force, face à ce besoin impérieux de conjurer cette grande débâcle sociétale, cet imminence de l’effondrement total du pays, et, par rapport aux justes revendications d’une transition vers ce projet de départ, de Jean Jacques Dessalines, d’une société égale, libre, fraternelle, solidaire. Une autre grande bataille de Vertières s’avère donc impérieuse. Celle contre nos iniquités séculaires, contre nos égoïsmes déguisés, contre nos ruses camouflées, contre nos rancœurs mal contenues, contre nos dissensions étouffées, contre l’arrogance de nos préjugés, contre la démesure de nos ambitions, contre l’indifférence des nantis face au sort des démunis… Cette bataille doit prendre tous les contours stratégiques, opérationnels, tactiques de la «dernière transition», souhaitée, vers un «changement de système», qui a valu au pays ces mouvements populaires atroces, et, cette crise politique insensée, monstrueuse... Nous avons atteint un point de non-retour. Nous ne pourrons plus faire comme si le passage de la société archaïque, inégalitaire, vers une société moderne, équitable, ne constitue pas un impératif majeur. C’est à cette noble bataille - en vue de ressusciter l’esprit de Vertières et de réaliser le vaste projet de société libre, égale, fraternelle, solidaire, tant rêvée par l’Empereur Jean Jacques Dessalines - que le RDNP vous convie nationaux, démocrates, progressistes, citoyennes et citoyens de bonne volonté et de bon commerce.Ensemble, ensemble, ensemble, jusqu’à la victoire finale.Met men, pran desten nou an men.