Le Nouvelliste
Les juges de paix sont en grève depuis lundi
June 3, 2020, midnight
Les juges de paix ne siègent plus depuis lundi. Ils sont en grève. Le mouvement sera observé jusqu’à vendredi, a annoncé Michel D’Alexis, président de l’Association des juges de paix d’Haïti. Sur Magik9 ce mercredi, il a énuméré les raisons qui justifient ce nouveau mouvement de grève. Leurs revendications sont au nombre de cinq. “Les tribunaux de paix fonctionnent dans des taudis. Ils sont abandonnés. Les juges de paix et les greffiers siègent dans des conditions difficiles”, avance Michel D’Alexis. Il déplore le fait que le ministère de la Justice et de la Sécurité publique n’a jamais entrepris des travaux de construction et de réparation des tribunaux. Les juges exigent du ministère de la Justice et de la Sécurité publique qu’il revoie le budget accordé au Conseil supérieur du pouvoir judiciaire. “Le CSPJ avait présenté un budget de 253 millions de gourdes au ministère de la Justice. Mais à notre grand étonnement, le ministère de la Justice lui a accordé 32 millions de gourdes”, déplore le président de l’Association des juges de paix. Il signale qu’avec cette somme, le CSPJ ne pourra même pas boucler l’année judiciaire. “Il ne pourra pas payer les juges”, dit-il. Les juges de paix sont sidérés par l’idée que les greffiers, les huissiers et les secrétaires des tribunaux dépendent du ministère de la Justice et de la Sécurité publique et non du CSPJ. “Nous exigeons ce qu’on appelle un transfert de compétences. Ce n’est pas normal que la justice ait deux têtes. Il faut que tous les acteurs relèvent de la même autorité”, a déclaré Michel D’Alexis. Une autre revendication des juges concerne le décret de 21 mai 2020 pour empêcher la propagation du coronavirus. “Toutes les sanctions prévues dans le cadre de ce décret seront exécutées par les tribunaux de paix. Nous exigeons en ce sens des moyens de protection”, a lâché le président de l’Association des juges de paix d’Haïti. Si Michel D'Alexis trouve dans le décret présidentiel “une bonne initiative” pour limiter la propagation de la Covid-19, il pense cependant qu’il ne pourra pas apporter les effets escomptés si les juges de paix qui sont là pour faire appliquer les sanctions n’ont pas “d’équipements de protection”. Enfin, les grévistes exigent le renouvellement du mandat de plusieurs juges des tribunaux de première instance. Michel D’Alexis informe que le CSPJ a déjà donné des avis favorables. “Automatiquement que le CSPJ a donné des avis favorables, le mandat de ces juges devait être renouvelé”, insiste le président de l’Association des juges de paix d’Haïti, annonçant que la grève pourrait s’étendre au-delà de cette semaine si aucun signal n’est envoyé par le gouvernement.