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Le Nouvelliste

Et les «bandits légaux»…

Nov. 28, 2019, midnight

En conformité avec sa ligne doctrinale, avec ses convictions politiques et idéologiques, le (RDNP), Rassemblement des démocrates, nationaux, progressistes, se refuse toujours à centrer, essentiellement, ses idées et réflexions sur un angle conjoncturel, au point de noyer, dans l’euphorie de la mode, les causes réelles, profondes d’une quelconque situation sociopolitique. Ou mieux, de minimiser des phénomènes sous-jacents pouvant entraver l’appréhension objective d’un fait social. Il ne serait pas réaliste, dans le cadre d’un processus, fiable et viable, de remembrement de la société haïtienne, de ne pas poser comme fondamentale, la résolution de la question des «bandits», déclarés, «légaux» durant les dernières administrations . Avant toute chose, nous devons identifier les diverses exactions de ces éléments, qui ne sont pas des phénomènes nouveaux dans notre société, lesquelles sont tolérées en raison d’un déficit chronique d’ordre, d’une absence de volonté, voire, d’une faiblesse structurelle au niveau de l’État, jusqu’à ce que ces déviants, regroupés, obtiennent leurs lettres de noblesse, et sont déclarés ouvertement «légaux», en raison de l’inexistence d’un mécanisme, formel ou informel, d’octroi de crédit social dans le pays. Les «bandits» sont, dans le Grand-Corps social, des individus qui ont pris des raccourcis dans une lutte pour leur survie individuelle aux dépens, ou mieux, au détriment du collectif. Ils sont des voleurs qui veulent accaparer, en un jour, ce qu’un autre a mis, des années, à accumuler ou pour construire. Ils sont des prédateurs qui veulent s’octroyer les droits et privilèges de tous, à leur seul profit… Leurs exactions sont visibles dans toutes les sphères d’activités de la vie sociale et ils se recrutent dans toutes les couches sociales. Ils se regroupent pour faire main basse ou mainmise sur les activités financières, économiques, politiques, judiciaires du pays… Sous-facturation, exemption de taxes et droits, franchise au niveau des douanes, vols, rackettes, pillages, kidnapping, détournement des biens et fonds publics, déni de justice, fraudes et violences électorales, tortures et répressions… Les nombreux chefs de «bandits», regroupés et armés, sont souvent des agents, officiels, de l’État ou exercent leurs activités sous la protection de ceux-ci. Ainsi, chaque infraction, au niveau de la plus haute sphère des pouvoirs l’État, autorise les plus grandes exactions, au bas de l’échelle. Les élus bandits regroupent, arment, les citoyens bandits et reçoivent leur appui, en retour, à travers divers réseaux.Quand le RDNP entend parler de «dernière transition», de «changer de système», il ne peut ne pas pousser la réflexion sur ce phénomène de «bandits légaux» qui constitue l’une des principales digues à toute idée, à toute action pouvant favoriser ce démembrement /remembrement de la société haïtienne. Sous la dictature, les «bandits légaux» fonctionnaient dans une structure hiérarchisée ; ce qui donnait un semblant de stabilité politique, assurait une certaine régulation du système. Sous le règne triomphant de cette bamboche démocratique, «le banditisme légal» s’est transformé en un monstre hideux, multiforme, à têtes multiples ; ce qui a déréglé totalement le système et provoqué, aujourd’hui, son pourrissement. Il est question de savoir, désormais, qui fait partie du problème, qui, de la solution. De savoir qui veut changer objectivement quoi ?Nous nous arrêtons à la «dernière transition», celle, de tous les espoirs possibles, qui doit avoir, en toute logique, un mandat et une mission. Cette mission doit être, clairement, définie, même quand, à ce propos, on peut retenir, pour acquis, la formule lapidaire à la mode : «changer le système politique», à savoir, repenser l’organisation politique globale du pays dans la perspective de créer la bonne société (c’est nous qui la précisons). Quel que soit le mandat de cette «dernière transition», elle doit déboucher sur l’organisation d’élections démocratiques ; la seule procédure régulière, normale, prévue pour assurer le renouvellement du personnel politique de l’État, appelé à initier la gouvernance du nouveau système, de la nouvelle société. Ainsi, comment peut-on s’écarter de l’origine du péché, s’assurer de la repentance des «bandits légaux» qui, généralement, prostituent le vote, confisquent le droit de tous à leur seul profit personnel, par la fraude et la violence, en période électorale ? Quel mécanisme de défense, les éventuels acteurs de cette «dernière transition» pourront-ils établir, quel consensus politique pourront-ils trouver, pour enrayer totalement le phénomène de «banditisme légal». Nous, du RDNP, ne pouvons ne pas nous inquiéter de l’accointance, de l’acoquinement de certains «bandits légaux» avec de nombreux élus actuels, avec des chefs d’organisations populaires, avec des barons de la partie malsaine ,mafieuse , du secteur privé , avec des soi-disant aspirants à des postes électifs, avec des contrebandiers, auxquels on ne saurait, paraît-il, priver du droit d’être candidats. Lesquels, bizarrement, se font, ces jours-ci, les plus fervents adeptes, voire, apôtres du mouvement populaire pour «changer le système». Démocrates, nationaux, progressistes, citoyennes, citoyens de bon commerce et de bonne volonté, un seul mot d’ordre : Met men, pran desten nou anmen.Ensemble, ensemble, ensemble, jusqu’à la victoire finale.