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Le Nouvelliste

Le curé de Saint-Pierre dépose une plainte contre les policiers pour usage abusif de gaz lacrymogène

April 23, 2021, midnight

Alors que des évêques, des prêtres, des religieux, des fidèles, entre autres, participaient à une messe le 15 avril dernier à l’église Saint-Pierre de Pétion-Ville pour exiger la libération des religieux enlevés à la commune de Croix-des-Bouquets, des policiers ont fait usage de gaz lacrymogène pour repousser des gens qui manifestaient aux alentours de l’église. Ce qui avait créé une situation de panique au sein même de l’église. De son côté, le curé de Saint-Pierre, le père Guerlain Chancy, dépose une plainte au commissariat de Pétion-Ville contre les policiers en service ce jour-là et exige l’ouverture d’une enquête…   Dans une correspondance envoyée au commissaire de police de Pétion-Ville, Kéther Marcelin, le père Guerlain Chancy a souligné que la messe célébrée le 15 avril dernier était une messe publique à laquelle tout le monde pouvait participer vu qu'elle se tenait en signe de solidarité avec toutes les personnes kidnappées, en particulier avec les missionnaires prêtres et religieuses et quelques laïcs enlevés par les hommes du gang 400 Mawozo le 11 avril 2021 dans la commune de Croix-des-Bouquets. « Je déplore qu'à la fin de la messe, les évêques, les prêtres, les religieuses, les fidèles et tous les autres participants aient été baignés de gaz lacrymogène lancé abusivement par les policiers, sinon aux abords de l'enceinte de l'église, du moins dans la cour même. Je dénonce et condamne de la manière la plus rigoureuse cet usage démesuré et incontrôlé de ce gaz nocif », a dénoncé le curé de Saint-Pierre. Sans faire cas de cette foule compacte de fidèles qui était réunie encore à l'église Saint-Pierre pour assister à la messe que présidait le président de la Conférence épiscopale haïtienne entouré des autres évêques et d'une couronne de prêtres venus de partout, ce gaz a été servi à profusion, a fait remarquer le père Chancy. « Beaucoup de personnes ont certifié que des bombes lacrymogènes ont été lancées à l'intérieur même du bâtiment. Mais je veux faire encore un certain crédit à l'éthique de vos policiers. Seule une enquête sérieuse permettrait de clarifier les zones d'ombre de cette affaire si grave », a exigé le prélat dans la correspondance. « Toutefois, j'estime, en tout bon sens, qu'en tout premier lieu, les policiers devraient avoir présent à l'esprit les personnes qui se trouvaient à l'intérieur dudit espace (enfants, adolescents, pour la plupart asthmatiques, personnes âgées, personnes à mobilité réduite, gens malades) et qui couraient dans toutes les directions à l'église et au presbytère, cherchant en vain un coin d'air pur. Vos policiers savent mieux que quiconque le niveau de toxicité de ce gaz », a écrit le père Guerlain Chancy au commissaire Kéther Marcelin. « Vos policiers devraient nécessairement penser à l'éventualité de cette panique générale qu'ils ont eux-mêmes provoquée. Cet acte dont la gravité des conséquences n'a pas été du tout considérée peut se qualifier tout bonnement de non-respect délibéré de la vie d'autrui. En effet, nous avions dû évacuer, d'urgence, à l'hôpital, grâce à la Croix-Rouge, plusieurs personnes qui suffoquaient. Un grand nombre gardait encore le lit jusqu'à hier », a indiqué le curé de Saint-Pierre dans la correspondance en date du 19 avril 2021. Au nom du clergé et des fidèles de Saint-Pierre « pour protester fermement contre cette situation créée gratuitement et exprimer mon entière désapprobation de cette manière de protéger et servir. Souhaitant que les responsabilités soient fixées et que Saint-Pierre n'ait plus à revivre ce cauchemar, je vous adresse mes salutations citoyennes », a conclu le père Chancy.