this used to be photo

Le Nouvelliste

« On donne des soins dans des conditions humiliantes », déplorent les résidents de l’hôpital universitaire Justinien

March 24, 2021, midnight

Les résidents de l’hôpital universitaire Justinien (HUJ) entament ce lundi la deuxième semaine de grève qui paralyse le fonctionnement du plus grand centre hospitalier du département du Nord. L’état dégradant du bâtiment, des services offerts et des conditions de travail a amené les poumons de l’hôpital à arrêter de prodiguer des soins jusqu’à la prise de conscience des autorités. Insouciantes, irresponsables, démissionnaires… Les épithètes ne manquent pas pour fustiger les autorités sanitaires qui sont « les principales responsables de la dégradation des hôpitaux publics du pays », estiment les médecins résidents. Chaque année, les choses vont de mal en pis, disent-ils. Qu’il s’agisse de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH), de La Paix, du Sanatorium, de Chancerelles, de l’Immaculée Conception des Cayes… il n’y a pas un hôpital qui fonctionne mieux que l’hôpital Justinien. « Lopital piblik yo mouri deja se medsen yo ki genbe yo anvi », déclare le Dr Wilslet André, coordonnateur du comité national des résidents des hôpitaux publics. Dans une interview au journal ce lundi, le médecin résident de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti sollicite une intervention urgente à l’hôpital Justinien. Une lettre écrite en créole a été adressée à la ministre de la Santé publique et de la Population (MSPP), Marie Gréta Roy Clément, pour lui demander de prendre ses responsabilités. « Komite nasyonal rezidan nan lopital piblik yo  salye travay ou jiskaprezan nan tèt ministè sante piblik men ap pwofite atire atansyon ou sou sa ki anba responsablite w men ou sanble bliye », lit-on dans cette lettre qui dépeint la mauvaise situation de l’hôpital du Cap-Haïtien. « Le toit de la salle d’opération est en mauvais état. Comme un désastre, à chaque pluie, l’eau traverse le toit et envahit le champ opératoire ; le système de climatisation est dysfonctionnel, les médecins effectuent des interventions chirurgicales à l’aide de lampes de téléphone ; pas d’eau courante pour se laver les mains, pas de toilette pour faire ses besoins. Les gens font leurs besoins dans les sachets et les jettent dans les parages de l’hôpital », dénonce le Dr Wilslet André, indiquant que la situation de l’HUEH n’est pas différente de celle de HUJ. « Ce n’est pas la Covid-19 qui est notre plus grand problème, c’est l’insécurité et l’insalubrité. On évolue dans un environnement malsain. On croupit sous les détritus puisque le ramassage des ordures ne se fait pas régulièrement. L’eau puante coule partout », a-t-il déploré avant d’ajouter : « On donne des soins dans des conditions humiliantes ». À la maternité Isaïe Jeanty communément appelée l’hôpital de Chancerelles, il y a un manque récurrent d' intrants, a confié le Dr Wilson Bonhomme. « Nous voulons toujours prodiguer des soins à nos patientes. Mais certaines fois, on n’arrive pas faute de matériel », a confié le médecin résident, précisant qu’il y a pas de soluté présentement à l’hôpital. «Chancerelles devient un hôpital semi-privé. Les patientes achètent tout », dénonce le coordonnateur adjoint du comité national des résidents des hôpitaux publics. Contacté par le journal, le Dr Guynel Alcima de l’hôpital universitaire Justinien (HUJ) indique que la grève est maintenue jusqu’à la satisfaction des revendications des résidents.