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Le Nouvelliste

Les péripéties de trois kidnappés

March 3, 2021, midnight

Après environ huit jours de séquestration et deux nuits en garde à vue à la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), les deux ressortissants dominicains Antonio Gener Campusano Feliz, Maico Enrique Campusano Felix et le compatriote Junior Albert Augusma ont été relâchés le dimanche 28 février dernier. « Ils sont maintenant totalement libres », se sont réjouis les responsables de Muska Films pour qui avaient engagé ces hommes. Les deux Dominicains ont été remis à leur ambassadeur accrédité en Haïti après deux jours passés  en garde à vue à la DCPJ. Ils ont quitté le pays le lendemain de leur libération, selon ce qu’avaient fait savoir au Nouvelliste les responsables de Muska Films, la production pour laquelle travaillaient les deux ressortissants dominicains Antonio Gener Campusano Feliz, Maico Enrique Campusano Felix et le compatriote Junior Albert Augusma. Après les interminables auditions à la DCPJ, « aucune charge n’a été retenue contre eux », ont affirmé les responsables de Muska Films, soulignant que le compatriote Junior Albert Augusma  a été quant à lui conduit chez lui en sa résidence en Haïti. « Nous sommes plus que soulagés. Nous pouvons enfin nous reposer. On veut reprendre le travail bientôt. On espère aussi que ce sera vraiment fini… Mais en Haïti on ne sait jamais », ont réagi à chaud des responsables de Muska Films contactés par Le Nouvelliste. Alors qu’ils revenaient d’un tournage à Jacmel avec plusieurs autres membres de Muska Films, les trois techniciens avaient été enlevés à Port-au-Prince le samedi 20 février dernier. Leur convoi avait été attaqué par un pick-up blanc immatriculé Service de l’État, avec à son bord des hommes lourdement armés. « Tout allait bien jusqu’à ce que nous soyons arrivés à Fontamara où trois véhicules ont tout fait pour scinder le cortège. Ce qu’ils ont finalement réussi à faire », avait rapporté Vélina Charlier, l’une des responsables de Muska Films. Le rapt a eu lieu le samedi 20 février vers 9 heures du soir à Martissant, entre la 4e et la 5e avenue Bolosse. Selon le porte-parole de la Police nationale d’Haïti (PNH), Gary Desrosiers, les ravisseurs ont conduit les victimes à Grand-Ravine avant d’exiger deux millions de dollars en échange de leur libération. Nos contacts du Muska Films ont rapporté que c’est le gouvernement haïtien qui avait engagé toutes les négociations pour aboutir à la libération des deux Dominicains et l’Haïtien. C’est à l’angle des rues Capois et Chavannes que les ravisseurs des trois employés de Muska Films les ont livrés à un véhicule qui les attendait. Au volant de cette voiture de marque Prado se trouvait l’ancienne directrice générale du Service national de gestion des résidus solides (SNGRS), Magalie Habitant. L’information a été révélée par Junior Albert Augusma, l’une des victimes de cet enlèvement, à l’émission Panel Magik du lundi 1er mars 2021. Ce que le jeune linguiste, ancien collaborateur du journal Le Nouvelliste, trouve assez paradoxal. C’est tout à fait normal, à en croire Magalie Habitant, qui affirme qu’elle rendait service au pays en allant chercher les victimes. « Pour l’histoire et pour la vérité, j’étais chez moi, on m’a appelée pour me demander un service parce qu’on allait les déposer à la rue. J’ai dit non, on ne doit pas les laisser dans la rue. Je me suis rendue personnellement sur les lieux pour les récupérer », a confirmé l’ancienne directrice du SNGRS à la même émission, sur radio Magik 9. « Une instance concernée qui entreprenait des démarches pour leur libération, laquelle n’étant pas prête sur-le-champ, et m’a alors appelée puisque nous étions tous ensemble sur le terrain à multiplier les démarches pour obtenir leur libération. L’instance concernée m’a demandé si je pouvais lui rendre un service et passer les prendre pour les conduire à la DCPJ parce qu’il fallait qu’ils soient entendus par celle-ci », a affirmé madame Habitant l’air embarrassée par ce dossier. Magalie Habitant a indiqué avoir été très préoccupée par ce cas d’enlèvement. Selon elle, c’est la Commission de désarmement, de démantèlement et de réinsertion (CNDDR) qui était chargée des négociations avec les ravisseurs et qui lui avait demandé d’aller chercher les trois personnes kidnappées. Elle a souligné les avoir conduit à Delmas 75 avant que ces personnes soient emmenées à la DCPJ où elles allaient passer 48 heures.   Jean Rebel Dorcénat, membre de la CNDDR a confirmé sur radio Magik9 que la CNDDR avait effectivement négocié la libération de ces trois messieurs enlevés par le gang de Grand-Ravine. Cependant il affirme n’avoir versé aucune rançon pour leur libération. M. Dorcénat a souligné que la Commission n’était pas la seule instance impliquée dans les négociations…