Le Nouvelliste
Expier le péché originel
Feb. 25, 2021, midnight
Toutes les cartes semblent désormais épuisées ; aucune force nationale, politique, religieuse ou sociale ne peut plus, paraît-il, jouer le rôle, éminemment impartial, transcendantal, de médiatrice, pour sortir le pays de cette crise multidimensionnelle, et ramener enfin les deux camps retranchés à la raison. Celle qui doit porter à prioriser l’avenir — à court, moyen et long terme — du pays, et à renverser la tendance à l’exacerbation des extrêmes. Des deux côtés, les actions et expressions semblent celles d’idiots utiles à l’ingérence des tuteurs et contempteurs qui ont, soit fomenté, encouragé ou applaudi le vaste complot contre le projet initial de société égalitaire, fraternelle, conçue par le fondateur de la Nation haïtienne, l’Empereur Jean Jacques Dessalines. Quitte à continuer à essuyer l’apostrophe bruyante des zélés extrémistes, voire, à affronter leur fol aveuglement, nous, du Rassemblement des Démocrates, Nationaux, Progressistes (RDNP), persistons à croire que la solution à cette crise — pour être viable et pérenne — doit être trouvée par et pour les Haïtiennes et Haïtiens dans un sursaut collectif, en vue d’expier le péché originel. Il est ici question d’expier le crime lâche, crapuleux du Père fondateur, avec la détermination de nous réhabiliter en tant que dignes héritiers, de nous racheter des fautes commises l’un envers l’autre. D’avoir le grand mérite de rapprocher, enfin, le pays le plus possible d’une rédemption obligatoire, par l’expiation de tous ces crimes de lèse-humanité, de lèse-patrie… De réparer le mal causé à ce projet unique dans l’histoire politique mondiale. Mal à la patrie que ses éternels fossoyeurs persistent à maintenir par la répétition de nos querelles byzantines, errements, lâchetés, iniquités, égoïsmes, avarices, fourberies, apatridies… Nous, membres du RDNP, avons pris le temps d’analyser, en dépit de leur inconstitutionnalité et illégalité avérées, les projets de constitution et de referendum que le régime en place propose, sans pouvoir en tirer le moindre profit pour le pays. Donc, ces projets, conçus dans une tour d’ivoire, se révèlent une vraie impasse, avec toutes les conséquences des solutions bâclées, exclusives, autoritaires. De même, nous estimons que les actions et escalades de violence ne peuvent aboutir à leurs fins, sans un bain de sang pouvant plonger le pays dans des pertes inestimables et irréparables, sans une intervention de forces étrangères, civiles ou militaires. Nous référant à telle crise politique de l’histoire du pays, nous notons la même velléité de forces obscures de soutenir pareil projet de constitution et d’élections ‘‘brid sou kou’’ ; la même indifférence des grands acteurs économiques, commerciaux et détenteurs de monopoles, comme si ceux-là se croient exempts de tout danger, mieux, assurés de tirer leur épingle de ce jeu antinational macabre… La radicalisation des forces politiques aveugle toutes les décisions jusqu’à pousser au mépris de la survie de la population, à l’insouciance face à la fragilité des structures et à la faiblesse des institutions, face à l’insuffisance des ressources économiques, financières du pays. Nous ne pouvons dire, sous quelle rubrique, vont être classées les folles dépenses du Conseil électoral mort-né, pour lancer les opérations prévues dans son calendrier irréaliste. Nous ne savons plus si les responsables de la Santé publique sont encore liés au respect des mesures mondiales pour contrer la propagation du Coronavirus et si les fonds nationaux et internationaux, alloués à cet effet, ne sont pas déjà détournés à d’autres fins. Nous ne savons plus pour combien de temps encore les chefs de gangs armés, les ''bandits légaux'' vont se substituer aux forces constituées dans les quartiers populaires, organisant carnaval, festival, orgie, tuerie… Rien… nous ne savons rien de ce que les prochains jours nous réservent dans ce contexte sociopolitique où le kidnapping, la peur, le meurtre, la négation de l’autre constituent un mode de pensée, une manière d’être partisan, le mobile de toutes les prétendues actions politiques, démocratiques et révolutionnaires. Pourtant, nous sommes très sûrs d’une chose : tout projet national ne produit d’effets bénéfiques, dans la satisfaction du plus grand bien collectif, que s’il trouve l’accord d’une majorité de citoyennes, citoyens de bonne volonté, de bon commerce, de bonne foi… Qu’il soit l’initiative particulière d’un gouvernement ou d’une opposition ! Sans imposer, voire, contraindre par les menaces, l'intimidation, la force brutale, le crime, l’assassinat, il faut parvenir à un consensus minimal, se mettre d’accord sur les stratégies de lutte, sur les moyens de persuasion, de mobilisation, sur les limites à ne pas franchir dans l’exécution de ce projet. C’est ce souci de la satisfaction du bien commun, de la résolution patriotique, pacifique de conflits politiques, de la préservation de la souveraineté nationale, du respect de l’autre, un concurrent, un adversaire, mais jamais un ennemi à abattre ; c’est cette volonté de faire la politique autrement qui dicte nos actions et prises de position politiques. Celles-ci ne sont jamais strictement conjoncturelles ou partisanes ; et, pour cause, elles s’imposent souvent comme référence aux grandes idées et visions patriotiques… Ensemble, ensemble, ensemble, jusqu’à la victoire finale. Met men, pran desten nou an men. Eric Jean Baptiste Secrétaire général RDNP