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Le Nouvelliste

A Port-de-Paix, Jovenel Moïse prévient, menace et désigne de nouvelles cibles

Feb. 18, 2021, midnight

Amateur des discours musclés, le président Jovenel Moïse a récidivé ce week-end à Port-de-Paix, à la veille du lancement officiel du carnaval national. Le président Jovenel Moïse a, à cette occasion, désigné ses nouvelles cibles. Il s’agit, selon les déclarations du chef de l’État, d’un leader influent des Gonaïves et d’un groupe de 24 personnes qui ont empoché indûment 19 millions de dollars sur plusieurs années.  Sans citer de nom, le président a demandé à ce leader d’arrêter d’incendier et de détruire la ville des Gonaïves. « Le concerné se connaît. Je n’ai pas besoin de citer de nom. Pourquoi vous avez décidé d’incendier un équipement qui a coûté à l’Etat haïtien 500 000 dollars et qui est utilisé dans la construction de la route menant à Port-de-Paix ? Pourquoi vous avez fait intrusion chez le directeur départemental du MTPTC pour y mettre le feu? Arrêtez de détruire et d’incendier votre ville. Vous devriez vous joindre à moi pour construire la ville. J’ai pris la décision de construire le port de Raboteau et de réparer une centrale électrique de 12,6 MW. Les Gonaïviens vous demandent de leur donner la chance de s’émanciper. Le génie n’a qu’un siècle, après quoi il dégénère. Votre temps est révolu. Laissez la chance aux jeunes », a déclaré Jovenel Moïse dont la présence à la tête de l’Etat est de plus en plus contestée depuis le 7 février 2021.  Le président a poursuivi en indiquant qu’il ne pourrait pas faire de réalisations aux Gonaïves si ce leader continuait de « terroriser » la population et « d’armer les jeunes ». « J’invite la population à se joindre à moi pour donner un carton rouge à ceux qui s’opposent au développement de la ville. [...] Je dois vous avertir, je suis le chef de l’Etat, si vous n’arrêtez pas vos actions, je vous contraindrai à le faire. "Mwen pale avè w pou m di w kalme w. Depi w pa kalme w, m ap tape w sou do men w." Le pays est dirigé aujourd’hui. Quelqu’un ne peut pas le déstabiliser comme bon lui semble. Quand celui qui dirige dit non, il faut l’écouter », a fulminé Jovenel Moïse.    Quelques heures après le carnaval national, tenu à Port-de-Paix, Jovenel Moïse s'est offert un bain de foule aux Gonaïves. Escorté par des agents de l'USGPN, le chef de l'État, accompagné de son épouse Martine Moïse, a traversé une bonne partie de la cité de l'indépendance à pied, ce, sous les acclamations de ses sympathisants. Il a profité de l'occasion pour visiter la centrale électrique Pétion-Bolivar-Marti. Sur Twitter, Jovenel Moïse ne s'est pas privé de savourer le moment. "J'ai traversé, à pied, le centre-ville des Gonaïves, sous les ovations d’une foule impressionnante. Ceci a donné lieu à des scènes de liesse populaire hors du commun. Une véritable communion des cœurs et des esprits autour des idéaux de paix, de cohésion que j'ai toujours prônés", a-t-il écrit. Le président a annoncé la reprise des travaux de rénovation d'une douzaine de rues dans cette ville.  Par ailleurs, le président a évoqué la construction de la route Port-de-Paix/Jean-Rabel pour lancer une autre menace. Celle-ci concerne des hommes d’affaires qui auraient empoché 19 millions de dollars de manière indue. « Tous les travaux que j’ai réalisés dans le Nord-Ouest ont été financés par le Trésor public. J’aurais pu faire beaucoup plus. Mais j’ai rencontré des obstacles. Ils m’ont barré la route. [...] Ce soir, j’aimerais m’adresser à quelques amis. Ces derniers empochent l’argent que les bateaux paient à chaque débarquement au lieu de reverser cet argent à l’État le même jour. Actuellement, cette somme s’élève à 19 millions de dollars. Ils sont au nombre de 24. Ils doivent rembourser cette somme au plus tard le samedi 27 février. Yon gwoup nèg nan Pòtoprens konprann se yo menm sèlman ki moun. Yo kenbe tout kòb sa a nan men yo. J’ai besoin de cet argent pour réaliser des travaux. Si après le 27 vous ne remboursez pas cet argent, je viendrai personnellement le chercher. Vous savez comment cela va se passer. Comme je l’avais fait pour l’électricité. Je ne souhaite pas récidiver. Si vous ne remboursez pas cet argent, il y aura des dénonciations, des mandats d’amener et des fuites vers l’étranger. Remboursez les 19 millions de dollars si vous ne voulez pas que cela arrive », a laché Jovenel Moïse devant la foule et en présence des journalistes, samedi 13 février 2021 à Port-de-Paix.