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Le Nouvelliste

Brutalités policières contre les journalistes : l’ONU préoccupée, l’OPC écrit, le gouvernement change de secrétaire d’Etat à la Communication

Feb. 18, 2021, midnight

Depuis le mois de janvier, les journalistes sont devenus la cible privilégiée de policiers lors des manifestations. Rien que la semaine écoulée, trois journalistes couvrant des mouvements de protestation ont été blessés par balle et par des bonbonnes de gaz lacrymogène. Face à cette situation, les Nations unies sont dit préoccupées « par l’utilisation disproportionnée de la force contre les journalistes ». Pour sa part, l’OPC invite l’Inspection générale de la police à statuer sur les cas d'exactions et d'atteintes à l’intégrité physique ou morale commises sur des journalistes dans l’exercice de leur profession. Trois journalistes ont été victimes de brutalités policières lors de manifestations. Alvares Destiné et Jeanril Méus deux journalistes blessés par balle au Champ de Mars au moment où des policiers et des militaires tiraient des balles réelles pour disperser une manifestation. Le photojournaliste Chéry Dieu-Nalio a été, lui, blessé au pied par une bonbonne de gaz lacrymogène. Des policiers ont délibérément jeté une grenade lacrymogène à l'arrière d'un pick-up d'un média de la capitale. C’est dans ce contexte que les Nations unies en Haïti, dans un communiqué publié le dimanche 14 février, se sont dit préoccupées par « l’augmentation des cas d’agression contre des journalistes couvrant des manifestations. Couvrir les événements en direct est au cœur du travail journalistique, qui est essentiel pour garantir la liberté de la presse et le droit à l'information ». « Au regard des allégations documentées, les Nations unies s’inquiètent que des agents de maintien de l’ordre aient commis des actes contre certains acteurs des médias dans l’exercice de leur profession. Ces actes ont pour conséquence de limiter le droit à la liberté d’expression et d’accès à l’information », lit-on dans le communiqué. Les Nations unies, ajoute le communiqué, exhortent les forces de sécurité à revoir leurs pratiques et à se pencher rapidement sur les violences contre les journalistes et autres acteurs des médias, afin que tout abus et toutes violations avérées fassent l’objet de sanctions à la suite d’enquêtes dûment diligentées. « À cet égard, les Nations unies rappellent les recommandations aux autorités haïtiennes quant à la gestion de foules afin d’assurer le respect des droits de réunion pacifique et de sécurité de la personne formulées dans le récent rapport conjoint du BINUH et du Haut-Commissariat aux droits de l’homme sur les violations et abus des droits de l’homme commis lors des manifestions de 2018 et 2019 (https://binuh.unmissions.org/sites/default/files/2021.01.15_rapport_manifestations_2018-2019.pdf), lesquelles ont été accueillies favorablement par les autorités haïtiennes », avance le communiqué. Les Nations unies condamnent toute attaque commise contre des journalistes et appellent les autorités ainsi que les acteurs politiques au respect de la liberté de la presse et du droit à l'information. « Une presse libre et indépendante, à l'abri de toute censure et de toute coercition, est indispensable à l’essor de la paix, au respect de la justice et à la promotion des droits de l’homme », affirme l’ONU. Dans une correspondance envoyée à l’Inspection générale de la police nationale, l’Office de la protection du citoyen (OPC) attire l’attention des autorités policières « sur le cas de deux travailleurs de presse blessés par balle, le lundi 8 février 2021, au Champ de Mars, au moment où les forces de l’ordre réprimaient un mouvement de protestation. En plus, le mercredi 10 du mois en cours à Port-au-Prince, des journalistes et une voiture de Radio Télé Pacific ont été victimes suite à des grenades de gaz lacrymogène lancées par des agents de la Police nationale d’Haïti ». « L’Office de la Protection du citoyen vous invite à statuer sur les cas des exactions et des atteintes à l’intégrité physique ou morale commises sur des journalistes dans l’exercice de leur profession », écrit Me Renan Hédouville à Frantz Jean-François, inspecteur général en chef de la PNH. Par ailleurs, après avoir condamné les brutalités policières contre les journalistes et exprimé sa solidarité avec les victimes, Eddy Jackson Alexis a été remplacé par Frantz Exantus au poste de secrétaire d'État à la Communication.