Le Nouvelliste
Dernier hommage à Serge Gilles
Feb. 12, 2021, midnight
Un ultime hommage a été rendu, vendredi 12 février, à l'église Saint-Pierre de Pétion-Ville, à Serge Gilles, premier social-démocrate haïtien, Les funérailles de l’ancien sénateur, décédé le 1er février dernier, ont été chantées dans un climat serein. En présence de membres de la famille, de militants du Parti fusion des sociaux-démocrates (PFSDH), de personnalités politiques, d’acteurs de la société civile, des dizaines de sympathisants sont venus témoigner leur allégeance à la figure emblématique de la social-démocratie haïtienne. «Nous sommes venus saluer la mémoire d'un grand homme», a fait savoir d’entrée de jeu Mgr Pierre André Dumas alors qu’il venait de franchir l'entrée principale de l'église pour gravir la chaire ecclésiale. La cérémonie funèbre était lancée. Mgr Dumas a, dans son homélie, retracé le portrait de Serge Gilles comme «un politicien qui n'a pas utilisé la politique comme moyen d'enrichissement». «Notre immortel Serge Gilles faisait partie de ces rares personnalités qui ont marqué la scène politique haïtienne sans toutefois accéder au sommet de l’administration publique», a précisé le prélat aux côtés du révérend père... «Serge Gilles avait compris que la politique pour l’entreprendre, il faut être solide. C’était un homme de compromis, un ardent rassembleur. Une perte pour les nouvelles générations. Le souvenir de cet homme de grande conviction doit rester dans nos cœurs », a appelé l’homme d’Église. Le cinéaste Arnold Antonin a pour sa part évoqué son amitié pour Serge Gilles. «Tu n'avais pas peur de la mort. J'ai apprécié ta capacité à te mettre dans la peau des autres. Tu vivras éternellement en ma mémoire», a scandé un Arnold Antonin reconnaissant envers la bravoure de Serge Gilles. Esthelle Laure Gilles a rapporté les témoignages de sa sœur Aurèlie Gilles qui trouvait en son père un ardent défenseur de la liberté d'expression à la maison comme ailleurs. « Mon père était la politique et la politique était Serge Gilles. Papi chéri on t’aime plus que tout.... », a-t-elle renchéri, soulignant la solidité des liens familiaux malgré les multiples déplacements de son papa. Le journaliste de carrière Hérold Jean-François a confié avoir retenu des valeurs rares à travers les œuvres du membre fondateur de PANPRA. «Serge Gilles s'est toujours distingué par une certaine probité intellectuelle, beaucoup d’humilité et cherchait à toujours contourner les conflits. Prêt à la concorde, ouvert à la paix, il a été un philanthrope au service des réfugiés haïtiens à l’étranger. S’il y a un seul social-démocrate en Haïti, il n’est autre que Serge Gilles », a-t-il dit. « Le seul leader à avoir présenté ses excuses à la société pour s’être présenté candidat durant la période du coup d’État de 1993 », a tenu à rappeler le patron de radio Ibo. « D’un naturel sage, toujours prêt à pardonner, Serge est un ''potomitan'' pour avoir été acteur et conseiller pour chaque membre du parti. Présent de A à Z dans la vie et la construction du parti, Serge Gilles prend tout son temps à écouter. S’il y a une figure de la social-démocratie en Haïti, c’est bien Serge Gilles», a tenu à rappeler M. Jean-François. «Serge m’a façonnée. En tant que coordonnateur du PANPRA, et conseiller spécial de la Fusion, c’est un rassembleur qui nous a chacun formé. Nous avons perdu un grand homme », a déploré Mme Edmonde Supplice Beauzile. La présidente de la PFSDH a donné la garantie que l’héritage de la social-démocratie, axé sur l’œuvre de Serge Gilles, sera positivement vulgarisé. Des personnalités politiques à l'instar de Youri Latortue, Printemps Bélizaire, André Michel, des acteurs de la société civile tels que Jean Monard Métellus ont été présents. Une assemblée valablement représentée avec un public, portant religieusement leur cache-nez, ont honoré valablement la mémoire de l’ancien candidat à la présidence. Des militants et militantes arborant leur t-shirt à l'effigie de Serge Gilles ont manifesté leur attachement au leader social-démocrate.