Le Nouvelliste
Affrontements : l'hôpital des grands brûlés de MSF pris au piège
Feb. 11, 2021, midnight
L'hôpital des grands brûlés de Médecins Sans Frontières (MSF) à Drouillard est pris en tenaille par des affrontements de gangs rivaux à Cité Soleil. Depuis lundi, le plus grand bidonville du pays est le théâtre de tirs sporadiques durant de longues heures. Préoccupée par la situation que vivent les patients de l’hôpital et du personnel soignant, la responsable des activités de MSF en Haïti, Aline Serin, lance un appel au respect de l’espace humanitaire. Dans une interview accordée au journal ce jeudi, elle explique que cette situation génère stress et peur chez les patients et le personnel de l’hôpital qui n’a pas pu quitter l’enceinte de l’hôpital mercredi. « Lundi matin déjà, puis de nouveau mercredi après-midi, nous avons dû interrompre les activités durant plusieurs heures suite à des échanges de tirs près de l'hôpital de Cité Soleil. Nous avons mis les patients à l’abri d’éventuelles balles perdues au niveau de l’ambulatoire et le personnel est resté au chevet des patients alités ne pouvant pas bouger », a indiqué Aline Serin, précisant que les détonations ont retenti à proximité de l’hôpital. L'hôpital de Drouillard est le seul centre spécialisé dans la prise en charge des grands brûlés en Haïti. Le climat d’insécurité qui règne dans sa zone a compliqué l’accès à cette structure qui est vitale pour les patients victimes de grande brûlure qui ne peuvent recevoir des soins qu’à Drouillard. En dépit de la situation, Aline Serin fait savoir que l’institution sanitaire reste ouverte et continue à accueillir des patients. Elle s’est vue fonctionner ces derniers temps au-delà de sa capacité en raison de l’augmentation des cas. « L’hôpital a une capacité de 20 lits d’hospitalisation. Aujourd’hui, on est à 26 patients. On est obligé d’ouvrir des lits supplémentaires », a-t-elle ajouté, félicitant au passage son personnel. Elle a fait savoir que l’institution reste ouverte grâce à la présence de tout le personnel qui reste pour accomplir son travail. Des rotations de 24 heures ont dû être mises en place pour assurer une présence continue auprès des patients. « Nous nous adaptons à cette situation grâce au dévouement du personnel haïtien, mais cette situation entraîne d’importantes conséquences sur le fonctionnement de l’hôpital. Le conflit en cours dans la zone nous oblige à réduire nos équipes, et complique considérablement la poursuite de notre travail », a-t-elle affirmé. Ce jeudi, le climat était pour le moins calme dans la zone.
