Le Nouvelliste
L’heure n’est pas propice aux manifestations, estime le chef du parquet de Port-au-Prince
June 5, 2020, midnight
« Le moment n’est pas opportun, il est mal choisi pour que des acteurs politiques, des groupes issus de la société civile, entre autres, s’invitent à des regroupements dans ce moment difficile que le pays et le monde traversent », a d’entrée de jeu indiqué Jacques Lafontant. Le commissaire du gouvernement de Port-au-Prince a rappelé que les rassemblements de plus de cinq personnes dans un espace ouvert ou fermé sont interdits, sous peine de sanction. Évidemment, il y avait plus de cinq personnes à la conférence de presse donnée au ministere de la Justice. Pour lui, ceci constitue une « affaire spéciale ». Mais personne ne devrait faire ainsi ou dire cela pour justifier le fait qu’elle arpente des rues. Donc, les contrevenants du décret du 21 mai 2020 devront tomber sous le joug de l’article 6 du décret précité. « Tout rassemblement, réunion ou activité mettant en présence et de manière simultanée de plus de cinq personnes sont interdits sur le territoire », prescrit cet article. Le même texte réglementaire prévoit une amende de 3 000 gourdes, cinq jours d’emprisonnement et 15 jours de travaux d’intérêt général. Les déferlements populaires sont donc interdits. Mais les marchés publics et le transport en commun fonctionnent avec beaucoup plus de personnes. À cela, l’homme de loi a rappelé aux journalistes que les banques également sont ouvertes. Sans doute, elles se réunissent avec plus de cinq personnes. Mais «c’est pour une utilité. C’est pour mener une activité qui ne dure que l’espace d’un clignement, un temps relativement court », a défendu le chef du parquet. Autrement, « une personne qui gagne des rues pour des heures et pendant un déferlement populaire, certainement, croit le commissaire du gouvernement, c’est une occasion de partager la pandémie ». Pour le chef de la poursuite du ressort de Port-au-Prince, il se réfère au décret d’urgence pris le 21 mai dernier par le président de la République. Cette intervention du commissaire du gouvernement s’inscrit dans un contexte où des groupes, dont des agents de police, menacent de manifester entre vendredi et dimanche pour revendiquer leurs droits. Cependant, comme l'écrit Me Guerby Blaise, l'interdiction de tout rassemblement relève de l'autorité administrative, celle du commissaire du gouvernement, dont le rôle dans la lutte contre le virus est essentiel, doit être judiciaire. À noter que dans un avis en date du 3 juin 2020, le ministère de la Santé publique a dressé un bilan de 2640 cas de coronavirus dans le pays, avec 50 personnes décédées.