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Le Nouvelliste

L’ENS toujours dans les hangars, le projet de reconstruction marche à pas de tortue…

Sept. 24, 2020, midnight

Pour le moment, seul le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP) a pu accorder un montant de onze millions de gourdes dans le cadre de ce projet de reconstruction. Ce fonds devra seulement aider à faire avancer l’étude de sol et la clôture du terrain, dont le coût était préalablement prévu à dix-sept millions de gourdes, selon les précisions du professeur Dieuseul Prédélus, l’un des responsables de cette entité de l’UEH qui dispose, depuis des années, d’un terrain situé à l’arrière de l’hôtel Oloffson, à Carrefour-Feuilles, quartier de Port-au-Prince.  Si les dirigeants, malgré les pourparlers engagés jusqu’ici sans gros résultats, semblent rester optimistes, des étudiants, eux, ne cessent de se plaindre des mauvaises conditions dans lesquelles ils suivent les cours dans l’établissement. « Les hangars ne sont pas dans les meilleures conditions pour faciliter la dispensation des cours. L’espace facultaire ne répond pas à la formation », se plaint l'un d'entre eux, lors d’un échange engagé sur les lieux, mercredi 23 septembre. « Ils parlent toujours de ce dossier de reconstruction. Jusqu’à présent, il n’y a rien de concret. Les dirigeants veulent montrer qu’il y a quelque chose qui se passe dans la cuisine. Ils disent toujours qu’ils ont eu telle ou telle discussion avec tel ou tel type d’acteurs sur la question. Mais nous avons l’impression qu’il y a toujours un problème de suivi », poursuit l’étudiant soutenu par d’autres camarades présents. Malgré l’état physique inapproprié, les activités académiques ont visiblement repris à l’Ecole normale supérieure. Mais la décision de fonctionner dans cet espace où les multiples revendications des étudiants ne cessent de rebondir a été prise particulièrement sur la base d’une entente adoptée entre eux, lors d’une assemblée générale tenue le mois d’août dernier. « Nous avons voulu faciliter particulièrement les nouveaux étudiants à suivre les cours normalement. Nous avons convenu de prendre un jour de la semaine pour continuer à exprimer nos revendications », confie un autre étudiant, faisant partie de ceux qui réclament le respect de la part de l’Etat haïtien, de l’application d’un protocole d’accord signé avec ladite école. En effet, la question du stage et de la nomination des étudiants abordée dans le protocole représente l’une des crises majeures auxquelles l’institution est confrontée depuis des années. « Même s’il y a cours pour le moment, cela ne veut pas dire que cela va toujours continuer ainsi. Vous pouvez être dans l’espace et vous ne pouvez pas suivre les cours. Parce que les mêmes problèmes demeurent. À n’importe quel moment, la situation peut être explosive… », avance un étudiant. Pour ce dernier, comme pour ses autres camarades, il y a trop de situations de crise dans ce même espace facultaire. Des situations de crise plus immédiates que celle de la reconstruction nécessitant un traitement particulier de la part des dirigeants de la faculté et de l’État haïtien. « L’Ecole normale est gérée avec trop de négligence. Les véritables problèmes ne sont pas vraiment posés par les dirigeants. Et même si nous les exposons aux dirigeants, ils n’en feront cas que lorsque les étudiants n’en peuvent plus et décident d'exprimer leur ras-le-bol. Un ensemble de problèmes se posent depuis des années. Mais l’État n’a jamais cherché à les résoudre, une bonne fois pour toutes », se désole l’étudiant, regrettant que l’ENS et les lycées de la République soient les institutions les plus délaissées du système. « On a l’impression que les dirigeants du pays ne comprennent pas cette nécessité d’aider ces institutions à fonctionner dans de bonnes conditions », ajoute un autre camarade. Pour ce dernier, c’est une véritable anomalie que cette grande institution puisse continuer à fonctionner dans cet état, dix ans après le séisme. « Je crois qu’il y a une forme de mépris pour l’éducation. Cela se voit clairement dans la manière d’aborder les problèmes… », soutient-il. Dans le projet de la reconstruction, la seule lueur d’espoir des dirigeants, pour le moment, se fonde dans la volonté exprimée par le Japon de donner son support. En date du lundi 16 mars, le ministre des Affaires étrangères, le Dr Claude Joseph, avait facilité une rencontre entre les représentants de l’ambassade du Japon, de l’Agence de la coopération japonaise et les dirigeants de l’Université d’État d’Haïti, accompagnés des membres de la direction de l’École normale supérieure concernant le projet de reconstruction de l’institution. Les Japonais s’étaient montrés intéressés à financer cette reconstruction estimée à dix millions de dollars, à en croire les responsables. « Le Japon se montre, jusqu’à présent, très favorable au projet. Ils ont tous les éléments nécessaires entre leurs mains... » a rassuré le Dr Dieuseul Prédélus.