Le Nouvelliste
La crise qui secoue le pays aujourd’hui rend plus difficile le travail du BINUH
Nov. 21, 2019, midnight
Le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH) ne veut pas encore faire une évaluation de ses activités depuis son déploiement. En effet, la tâche confiée par le Conseil de sécurité dans la résolution 2476 consistant à « conseiller le gouvernement haïtien sur les moyens de promouvoir et de renforcer la stabilité politique et la bonne gouvernance, y compris l’État de droit, de préserver et de favoriser un environnement pacifique et stable, notamment en facilitant un dialogue national sans exclusive entre les Haïtiens » paraît bien difficile. L’autre volet qui est « de planifier et de tenir des élections libres, justes et transparentes » ne pourra être accompli pour la fin de cette année, ce qui annonce une crise constitutionnelle avec le non-renouvellement la Chambre des députés et de deux tiers du Sénat. Dans une interview exclusive accordée au Nouvelliste, les responsables de ce bureau politique des Nations unies affirment être « très préoccupés par la situation dans le pays, en particulier par la situation humanitaire ». Ces derniers ajoutent aussi que le « système des Nations unies en Haïti, à travers le BINUH et l’équipe pays, se tient prêt à accompagner les efforts dédiés à la recherche de solutions qui permettront à Haïti de trouver la voie de la stabilité et du développement durable ». N’étant pas une mission de maintien de la paix et n’ayant donc pas de troupes militaires ou d’unités de police en uniforme déployés sur le terrain, le BINUH affirme sa volonté d’accompagner les institutions haïtiennes à travers son rôle de bons offices, de conseil et de plaidoyer politique, ont-ils poursuivi. Même si le contexte ne s’y prête pas, vu que les élections ne sont pas à l’ordre du jour, le Bureau intégré des Nations unies en Haïti a indiqué vouloir « œuvrer pour appuyer les autorités dans leurs efforts de créer les conditions propices à la tenue d’élections ». Comme un appel aux protagonistes de la crise actuelle, le BINUH s’est dit aussi prêt à « apporter son appui aux acteurs de la vie politique et sociale haïtienne dans leurs efforts pour sortir de la situation actuelle et éviter une crise constitutionnelle ». Dans un communiqué publié le 8 novembre, le BINUH avait indiqué qu’il appuiera toutes les initiatives visant à promouvoir un dialogue national entre Haïtiens afin d’alléger la souffrance de la population mais affirme ne pas compter « interférer dans les affaires internes de l'État haïtien, ou de prescrire des solutions à la crise actuelle ». Quant aux allégations de violation de droits de l’homme de la part des agents de police, le BINUH affirme que son « travail consiste à vérifier les allégations de violations de droits de l’homme et d’en faire le suivi avec les autorités haïtiennes compétentes ». Dans le cas des incidents de Bel-Air, il s’agira de voir si « les autorités ont ouvert les enquêtes qui y sont relatives » et de voir « quelles actions seront prises par les institutions judiciaires pour établir les faits ». Par ailleurs, les responsables de la mission ont souligné que leur composante Police continue de conseiller l’Inspection générale de la PNH et les unités d’enquête de la PNH qui ont la responsabilité de faire la lumière sur les événements et d’amener les auteurs de ces actes odieux devant la justice.