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Le Nouvelliste

Ne perdons pas le sens de notre lutte

Oct. 22, 2020, midnight

Au fil du temps, nous perdons le sens des choses essentielles qui font de nous une communauté liée par une histoire, une culture, un territoire, voire, un destin commun. Au fil du temps de cette longue transition, nous banalisons tout, la vie, la mort, les dates historiques, les fêtes nationales, les institutions nationales, les symboles nationaux, les valeurs morales, républicaines et universelles. Nous ramenons tout à la sordide et cynique satisfaction de simples intérêts conjoncturels, mesquins, claniques, individualistes. Nous réduisons la gouvernance de notre pays à un jouet, vivement convoité par des enfants gâtés, pour, sans état d’âme, le réduire en miettes, un instant après. C’est ce vif et affligeant constat que nous faisons au Rassemblement des Démocrates, Nationaux, Progressistes (RDNP), au fil des assassinats, kidnappings, viols, vols subis, ces derniers temps, par des membres de toutes les couches sociales. À tel point que la malice populaire, dans ses élans sarcastiques, fait de l’espérance de vie dans ce pays un simple contrat renouvelable, journellement, avec les gangs armés et les «bandits légaux». Il n’a pas été possible de faire, du 17 octobre 2020, un grand moment de réflexion sur l’assassinat du Père fondateur de la Patrie, l’Empereur Jean Jacques Dessalines, alors que se pose, comme impérieuse, la nécessité de marquer la rupture avec cet ordre quotidien de choses funestes et macabres, de changer de Constitution, de changer de système politique, de «Changer la vie en Haïti», pour créer une meilleure société : celle qui doit refléter les nobles idéaux de grandeur, de liberté, d’égalité, de fraternité du beau projet politique initial. Il n’a pas été possible de lever, même symboliquement, l’immunité dont jouissent les assassins de l’Empereur, comme s’il faut ne jamais en parler, suivre l’exemple de ceux qui ont même banni son nom, longtemps après son assassinat  pour établir et maintenir, définitivement, le règne de l’impunité sur les crimes odieux, crapuleux qui ont causé tous les malheurs du peuple, pourtant appelé, originellement, à un magnifique et grandiose destin. Désormais assurés de l’immunité dont jouissent les ''bandits légaux'', des chefs de gangs lourdement armés par leurs patrons ou commanditaires , ont revendiqué, en toute impunité, tout l’espace public national, au nom du régime en place, au grand mépris des forces de l’ordre légalement constituées. Les illégales forces du mal absolu ont, donc, défié et tétanisé les responsables des Forces Armées et de la Police Nationale qui, en ce 17 octobre, devaient normalement se parer de leurs costumes d’apparat pour aiguiser le sens patriotique et civique des enfants, des générations montantes, en rendant un digne, vibrant et mérité hommage au Père fondateur de la Patrie commune. Nous interprétons, au RDNP, ces faits conjoncturels comme symptomatiques de la crise multidimensionnelle — sociopolitique, gouvernementale, électorale, institutionnelle — que traverse le pays… Et, la plus destructrice et dégénérescente de toutes est, sans conteste, la crise spirituelle qui nous porte à banaliser ce qu’il y a de plus profond et constitutif en nous-mêmes : l’histoire, la culture, la tradition, les valeurs, les croyances, les symboles, les mythes qui fortifient l’âme nationale et constituent le ciment patriotique. Loin de nous laisser engourdis par ces faits conjoncturels puants et nauséeux , nous percevons des signes encourageants, allant dans le sens de ce sursaut collectif que nous appelons de toute notre force et de toute notre âme de patriote passionné du bien public et du bien-être collectif. Aussi accueillons-nous, à sa juste valeur symbolique, le regroupement de certaines forces politiques partisanes, ayant la même sensibilité ou presque, dans l’espoir qu’il puisse être réfléchi et durable pour contribuer à une normalisation, à une institutionnalisation de la vie politique , combattre le morcellement grotesque de l’électorat ; pour faciliter le choix raisonnable et éclairé de responsables soucieux de l’intérêt national ! De notre côté, nous continuons à rassembler les nationaux authentiques, patriotes et démocrates pour qu'ils établissent, dans le pays, leur règne : celui des Grenadiers, Guerriers de lumière , Magistratures morales, chargés de prendre en main le destin de la barque nationale, aujourd’hui, à la dérive sur cette mer agitée, démontée. Ainsi, nous nous mettons à l’abri des divisions stériles, des querelles de chapelle, des guerres de clan, inhibitrices de toute action ordonnée, planifiée, institutionnalisée pour l’élaboration et la réalisation d’objectifs nationaux, à travers l’expression d’une pluralité représentative et effective des voix. Pour que la lutte politique ne soit plus circonscrite à des divergences personnelles et à des futilités entre de fortes personnalités, mais plutôt, qu’elle contribue à transformer les structures partisanes — à partir d’élections honnêtes, inclusives — en de vraies courroies de transmission du pouvoir, détenant l’autorité légitime de s’en servir, au bénéfice de la population, dans un réel État de Droit. C’est le combat que nous menons au RDNP pour sortir le pays de l’abîme des dirigeants amateurs, insouciants, irresponsables, sans projet de société, sans aucune vision globale de la gouvernance de cette nation — une nation créée au prix de lourds sacrifices consentis par les va-nu-pieds et les Pères fondateurs, dont l’Empereur Jean-Jacques Dessalines. Cette nation réclame ses droits par l’entremise d’une nouvelle orientation, d’un changement de système. C’est ce combat qui nous tient à cœur au RDNP parce que nous luttons, sans désemparer et selon le vœu de la majorité, pour «Changer la vie en Haïti». Pour nos enfants, pour nos Aïeux et pour nous-mêmes !        Ensemble, ensemble, ensemble, jusqu’à la victoire finale. Met men, pran desten nou an men. Eric Jean Baptiste Secrétaire général RDNP