Le Nouvelliste
« Personne ne me privera de la liberté d’expression et d’opinion », dixit Samuel Madistin
Feb. 20, 2020, midnight
L’ancien sénateur Samuel Madistin a réagi aux incidents survenus mercredi dans son cabinet situé à Lalue. En effet, des individus se réclamant de la police nationale ont attaqué son cabinet et incendié une génératrice et 5 véhicules. La veille, il avait indiqué que les policiers n’ont ni le droit de se syndiquer ni celui d'entrer en grève. Sur Magik9 jeudi, il a dit voir en ces actes un attentat contre la liberté d’expression. « C’est le summum de l’intolérance. Le débat contradictoire est favorisé dans tous les pays démocratiques. On fait appel à des spécialistes et à des experts pour intervenir et débattre de toute question d’intérêt public. La question du syndicat au sein de la PNH est d’intérêt public », estime-t-il, dénonçant ceux qui ne sont pas d’accord avec ses opinions, n’ont pas d’arguments solides pour les combattre mais prennent les armes pour l’attaquer. L’homme de loi souligne plus loin qu’il ne se laissera pas intimider. « Si je livre mon opinion et que vous n’êtes pas d’accord, vous devez avancer la vôtre ainsi que vos arguments pour montrer que mon opinion n’est pas la bonne, mais vous ne pouvez pas prendre les armes pour combattre la mienne. Nous sommes revenus à l’époque de la pensée unique. Nous avons lutté contre l’intolérance et la pensée unique. Moi, personnellement, j’ai combattu le régime des Duvalier et celui des militaires. J’ai combattu la dictature militaire. Je ne vais pas tolérer la dictature policière. Personne ne me privera de la liberté d’expression et d’opinion », avertit-il. Par ailleurs, Samuel Madistin annonce que la justice sera saisie afin d’enquêter sur ce qui s’est passé dans son cabinet. « Je n’ai pas encore fait une évaluation des dégâts. Des individus ont incendié la génératrice du cabinet et plusieurs véhicules qui se trouvaient dans le parking. Ils ont aussi allumé un feu tout près de la salle où sont stockées les archives. Il semble que c’est l’œuvre de ceux qui ont l’habitude de fréquenter l’espace. L’immeuble a pris du temps pour être incendié grâce à sa structure en béton. Heureusement, des voisins du quartier et de la ruelle Chrétien nous ont porté secours. Je les remercie infiniment. (...) J’ai demandé à un juge de paix de dresser un constat légal. Après je ferai ce que de droit. Je vais déposer une plainte contre x. Un juge d’instruction se chargera de faire la lumière afin de savoir pourquoi on a voulu incendier mon cabinet, quels sont les auteurs et quels sont les commanditaires », a-t-il prévenu. En ce qui concerne ses opinions sur le mouvement des policiers, Samuel Madistin n’a pas bronché. Pour l'ancien parlementaire, il ne peut y avoir un syndicat dans ces conditions. « Je ne suis pas contre le syndicat de la PNH, j’ai affirmé qu’il ne peut pas être créé sans loi. On ne peut pas accepter qu’il soit créé de manière anarchique. J’ai aussi expliqué qu’au cas où il y aurait une loi et que le syndicat serait créé, je m’opposerais au droit de grève des policiers. (...) Un ouvrier qui veut créer un syndicat rédige le statut du syndicat, l’acte constitutif et le procès-verbal, élit un comité directeur et demande une autorisation de fonctionnement au ministère des Affaires sociales et du Travail. C’est ce qui se fait depuis 1965 en vertu de la loi sur la gestion des syndicats dans le secteur privé. Pourquoi les policiers qui veulent créer un syndicat ne remplissent pas les formalités, ne s’adressent pas au ministère concerné ? Ces derniers préfèrent manifester dans les rues. C’est parce qu’il n’existe pas de loi pour leur syndicat. Il n’y a pas encore de loi pour le secteur public », a-t-il fait remarquer. De l’avis de Samuel Madistin, ce mouvement exigeant un syndicat au sein de la PNH est suspect. « Ce qu’on ne voit pas est plus important que ce qu’on voit. Une simple question de syndicat ne provoquerait pas autant de dégâts. Il y a de gros intérêts en jeu. Ces intérêts ne sont ni ceux du développement socio-économique du pays, ni pour répondre aux revendications des policiers qui sont dans les rues. Il faut des gens de courage pour demander à ces gens d’arrêter », assène-t-il. L’ancien sénateur a mis en garde contre la tentation de vassaliser les institutions dans l’unique objectif de parvenir à des fins politiques. « Ce n’est pas parce que je suis contre Jovenel Moïse que je dois appuyer la destruction de la police. On aura besoin de la police si Jovenel Moïse quitte le pouvoir. Ce n’est pas parce que je suis contre Jovenel Moïse que je dois m’associer aux trafiquants de drogue, aux bandits pour déstabiliser le pays. La force de la démocratie, c’est la force de ses institutions », a-t-il fait savoir.