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Le Nouvelliste

La Chine vue par deux journalistes de Le Nouvelliste

Dec. 17, 2019, midnight

Qu’est-ce que vous avez été faire en Chine et à l’invitation de qui ? Robenson Geffrard : Avec des représentants de 50 autres nationalités venues des 5 continents, Gaëlle César Alexis, de Ticket et moi, reporter du Nouvelliste, de Magik 9 et de Télé 20, avons participé du 7 au 27 novembre à une formation au cours de laquelle plusieurs professeurs et personnalités chinois nous ont entretenu sur des sujets variés comme le développement des médias et des réseaux sociaux dans le monde et en Chine, la communication, le développement économique, diplomatique et culturel de la Chine, sur la diplomatie, le programme chinois Belt and Road, entre autres. Cette activité a été organisée par le ministère chinois du Commerce et les deux journalistes y ont été invités par le Bureau du développement commercial de la Chine en Haïti. Gaëlle César Alexis : C’était mon deuxième voyage en Chine. La première fois, en touriste, j’étais restée très peu de temps et seulement à Shanghai ; cette fois je me réjouissais à l’avance pour les vingt jours, pour la possibilité de voir plus de villes et pour l’opportunité de rencontrer de vrais Chinois. L’invitation faite au Nouvelliste de désigner deux journalistes était la bienvenue et nous remercions les autorités chinoises pour l’accueil et le séjour. En quoi consistait votre séjour? Robenson Geffrard : Outre le côté académique classique qui consistait à suivre des cours, les organisateurs de l'activité ont fait visiter aux participants des sites historiques importants de la Chine comme la Grande muraille, le Temple Heaven, le musée national de Chine, entre autres. Il y a eu aussi la visite de plusieurs organes de presse, de la compagnie Huawei, de restaurants de renom, des centre d'art, etc. Gaëlle César Alexis : Nous avons participé à un séminaire de formation pour les professionnels des médias et pour les journalistes des pays faisant partie de l’initiative “Belt and Road” créée par le président chinois Xi Ziping en 2013. Haïti n’ayant pas de relations diplomatiques avec la Chine, nous ne faisons pas partie de cette initiative, mais nous avons pu connaître ses avantages et aussi ses inconvénients grâce aux questions des autres participants. Qu’avez-vous vu en Chine ? Robenson Geffrard : Ce serait prétentieux de dire qu'on connait ou qu’on a saisi tous les aspects de la Chine et de sa population après un séjour de moins d’un mois. Toutefois, Nous avons vu un pays communiste, avec un régime politique dictatorial, réussir à développer une économie aussi capitaliste que celle des États-Unis et qui produit beaucoup de millionnaires. Dans la capitale et dans les principales villes du pays, tout le monde est là: toutes les grandes marques de l'Occident, les boutiques, les magasins, les plus célèbres fast food… La capitale et les grandes villes chinoises n'ont rien à envier aux pays européens ou nord-américains avec une population plus nombreuse. Gaëlle César Alexis : Le séjour consistait à nous faire découvrir l’univers médiatique de la Chine, c’est-à-dire son avancement dans le domaine et son insertion dans le monde des nouveaux médias. Les deux premières semaines, plusieurs professeurs dans divers secteurs et plusieurs journalistes connus nous ont offert leur connaissance sur le thème. Ensuite nous avons quitté Beijing, la capitale, pour une province importante, Liaoning. Là-bas nous avons visité plusieurs entreprises, universités, médias, mais surtout nous avons eu une touche de la culture chinoise. Qu’avez-vous appris en Chine ? Robenson Geffrard : On a vu aussi une population chinoise repliée sur elle-même avec un profond respect et une confiance totale en ses dirigeants. Il faut aussi souligner que les médias sont contrôlés et la pensée aussi. La Chine s'ouvre un peu au monde, mais conserve son identité! On a vu aussi une volonté très prononcée des Chinois de concurrencer et de dépasser leur rival principal, les USA, sur bien des aspects. La Chine vs les Etats-Unis c’est : Amazone vs Alibaba WhatsApp vs WeChat Google vs Baidou et Tencent CNN vs CGTV VOA vs CRI Uber vs Didi USAID vs Belt and Road NBA vs CBA… Gaëlle César Alexis : Académiquement, nous avons reçu en vingt jours beaucoup d’informations sur la Chine et sur son environnent médiatique, toujours en train d’innover pour garder leur place dans le monde et pour surpasser leur compétiteur, quel qu’il soit. Mais aussi que le peuple chinois a la foi en ses leaders, est fier de sa culture, n’est pas ouvert au monde mais que cela leur suffit pour vivre en paix et en harmonie. Le Nouvelliste : Quelle est la leçon principale que vous tirez de ce séjour en Chine? Robenson Geffrard : On retient surtout de la Chine que c’est un pays qui exécute un projet, la vision de Mao et les résultats sont visibles et placent la Chine comme étant la deuxième puissance économique mondiale. Une Chine qui veut prouver au monde que le modèle de Mao Zedong et de ses successeurs est payant et doit être conservé. Par ailleurs, le très respecté professeur Dr Hu Zhengrong de Communication University of China, a souligné qu’au-delà de cette Chine prospère, très avancée dans la technologie, il y a aussi la Chine où des millions de gens vivent encore dans une situation extrêmement difficile. Mais nous, visiteurs étrangers, n’avons pas été, bien entendu, invité à faire connaissance avec cette partie de la Chine. Gaëlle César Alexis : la visite de vingt jours nous a permis de comprendre qu’il faut tout simplement et avant tout à tout pays et à toute entreprise une vraie vision, un vrai plan et des leaders comme des dirigeants respectueux de leur peuple pour faire avancer un projet. En 70 ans, la Chine est devenue la deuxième économie mondiale, parce que tout simplement les responsables à la tête de ce pays ont compris les sacrifices des aînés et avaient, ont un vrai amour pour leur pays. La majorité de la population chinoise est encore dans la pauvreté, il y a donc encore beaucoup de travail à faire en Chine mais les objectifs sont connus de tous et chaque année ils sont atteints. Il faut tout simplement le vouloir, la route n’a jamais été facile, les obstacles sont toujours de plus en plus grands, mais les résultats en valent toujours la peine. Telle est la leçon apprise en République populaire de Chine. Propos recueillis par Frantz Duval Encadré La Chine de Gaëlle César Alexis Beijing m’a fait l’effet d’une fourmilière. Une ville grouillante de monde, tous toujours pressés, chacun la tête baissée, les yeux collés à leur portable... De prime abord, la ville vous donne la sensation de vous avaler, de vous étouffer, de vous oppresser. Comme le soir où, seule, j’ai pris le métro à l’heure de pointe. Je me rappelle encore ces regards étonnés (plus pour mon poids que pour la couleur de ma peau), de ces mains curieuses analysant mes tresses, de ces photos prises à la va-vite, pensant que je n’avais pas vu. J’ai détesté.  Je ne me souviens pas d’une odeur particulière, sinon celle des cigarettes omniprésentes. J’ai encore l’image de ces hommes et femmes qui toussent sans se mettre la main devant la bouche et qui sans vergogne crachent par terre à qui mieux mieux. Cela m’a agacé. Mais au fil des 20 jours, la ville est devenue complaisante, accueillante même. Et tout cela m’a finalement amusé. J’ai compris que ce n’était pas de leur faute. Les us et coutumes diffèrent d’un pays à l’autre, d’une civilisation à une autre. Tous les Chinois ne sont pas ouverts au monde, beaucoup vivent dans une bulle. Au fil des jours, je les ai compris, je les ai enviés, un peu. Ceux qui comprennent un peu l’anglais et à qui j’ai parlé m’ont marqué par leur attachement à leur terre et par la confiance aveugle qu’ils ont en leurs leaders. Cela m’a plu. J’ai 32 ans, et je n’ai jamais connu un leader en qui j’ai eu une vraie foi en Haïti. J’ai aussi pensé que le peuple chinois est un peuple de suiveurs, mais fort, pacifique, harmonieux... qu’ils ne feront jamais de révolution. Mais je me suis vite reprise. Les traces du chairman Mao sont partout. Ils se souviennent de son combat, le respectent, l’adorent presque. En 70 ans, le pays est devenu la deuxième plus grande économie mondiale. Oui, il y a de quoi se vanter. Le président chinois Xi Ziping a annoncé que d’ici fin 2020, il n’y aura plus de personnes pauvres en Chine. Nuit et jour, une administration entière travaille pour atteindre cet objectif. Je me suis promise de revenir en 2021 et d’aller dans l’une des villes les plus pauvres et voir les changements. Je ne serai pas étonné de voir que les promesses ont été tenues. Je n’ai plus aucun doute que la Chine fait toujours de son mieux pour garantir le bien-être de son peuple... Gaëlle César Alexis