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Le Nouvelliste

Ultime hommage à la mémoire de Me Gérard Gourgue

Dec. 17, 2020, midnight

L’ancien président de la Ligue haïtienne des droits humains, Me Antoine Joseph Gérard Gourgue, n'est plus de ce monde mais il est difficile d'oublier ou de ne pas rappeler combien il était grand. En tant que professeur d'université, défenseur de droits humains, ancien candidat à la présidence, ministre de la Justice ou bâtonnier par intérim, les intervenants ont trouvé un passage à délecter de la vie de ce grand homme. Un grand Haïtien. L'ancien ministre de la Justice, Me Jean Joseph Exumé, dans son témoignage, a relaté que c'est l'intelligence et l'éloquence de Me Gourgue qui l'ont poussé à étudier le droit après avoir débuté une carrière de normalien. Pour lui, le défunt était à la fois un professeur « émérite » avec « une capacité de transmission de connaissances hors du commun ». Aussi à ses yeux, Me Gourgue était un « humaniste » qui pense toujours au « bien-être de l'être humain ». « Me Gourgue, en tant qu'éducateur ou professeur, ne voulait pas seulement former mais il voulait forger par son enseignement une nouvelle conscience de l'Haïtien dans la perspective d'une transformation de notre société », a-t-il relaté.  De son côté, l'ancien bâtonnier de l'ordre des avocats de Port-au-Prince, Me Gervais Charles,qui a connu Me Gourgue dans plusieurs sphères (il était professeur à la Faculté de droit de Port-au-Prince, avocats), avance que les jeunes du pays ont repris intérêt pour les études juridiques suite aux prouesses de Me Gourgue lors du fameux procès des Timbres tant « il dominait ces assises et portait un coup fatal au régime duvalérien ». Me Charles s'est rappelé aussi comment Gérard Gourgue ne s'est pas laissé prendre au piège des militaires du CNG, après la chute des Duvalier mais au contraire s'est rangé du côté du peuple :  il demandait des élections libres et démocratiques.  Un témoignage personnel sur cet « homme aux multiples dimensions, qui a marqué son passage sur cette terre » qui se voulait émouvant est venu de la journaliste vedette de la Radio Kiskeya, Liliane Pierre Paul. Appelée affectueusement « ma fille » par Me Gourgue, la journaliste sénior estime que des hommes de la trempe du défunt ne courent pas les rues. Pour l'avoir connu personnellement au début de sa carrière de journaliste, Mme Pierre Paul n'a pas cessé de vanter les mérites de l'homme. Étant la seule à faire référence à sa femme Paula, Liliane Pierre Paul estime que Me Gourgue a eu le support de sa femme dans toutes ses initiatives.  Parmi les organisations de droits humains membres du collectif, le Réseau national de défense de droits humains (RNDDH) s'était fait représenter par la responsable de programme, Marie Rosie Auguste Ducénat, a précisé que le pays pleurait le départ d'un « défenseur de droits humains acharné qui laisse derrière lui un pays où les droits à la vie sont systématiquement violés ». Elle a laissé entendre, dans son discours, que le départ de Me Gérard Gourgue arrive à un moment où le pays connaît une dégradation générale de la situation des droits de l'homme avec des massacres, des assassinats ciblés et un président qui tente de saboter la démocratie par ses décrets.  Me Gérard Gourgue fut ministre de la Justice, défenseur des droits humains, bâtonnier de l’ordre des avocats de Port-au-Prince par intérim et candidat à la présidence. I