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Le Nouvelliste

Droit des personnes handicapées : un nuage de défis voile de maigres efforts

Dec. 3, 2019, midnight

«Ce jour n’est pas juste un jour de plus à ajouter dans notre patrimoine mémoriel. Il s'agit d'un véritable enjeu social. Quelle place aménage-t-on au vivre-ensemble dans notre société, mais aussi et surtout, au plus vulnérable ? En effet, la civilisation moderne ne s’édifie pas sur la loi du plus fort. Elle est plutôt bâtie sur le principe de dignité et de droits humains», a d’emblée déclaré le secrétaire d’État à l’Intégration des personnes handicapées, Oriol Gérard Junior. À en croire M. Oriol, la célébration du 3 décembre est un bon moment pour dresser un bilan des avancées et définir de nouvelles perspectives. Ce dernier a souligné que, depuis la création du bureau, des efforts ont permis de mettre en place un cadre légal protégeant les droits de cette couche. Aujourd’hui, le pays a ratifié deux conventions et adopté deux lois nationales. Au cours de l’exercice 2018-2019, le BSEIPH a aidé 16 organisations à trouver une subvention auprès de l’État pour soutenir des familles. En ce sens, le centre polyvalent de formation professionnelle de Carrefour est restauré et devient accessible aux personnes handicapées qui devront y bénéficier des bourse d’études. 49 personnes, a renchéri Gérald Oriol Jr, ont été recrutées par l’OMRH pour intégrer l’administration publique. «Nous encourageons les entreprises privées et publiques à appliquer le quota exigé par la loi sur l’intégration des personnes handicapées de 2013», a plaidé le secrétaire d’État. Selon lui, plus de 300 personnes handicapées ont bénéficié d’aide financière pour subvenir à leurs besoins. En collaboration avec Food for the poor, nous avons construit 51 logements et remis leurs clés à des personnes handicapées. Plus de 300 fauteuils roulants et autre matériel ont été distribués. Rappelant que les troubles sociopolitiques du pays ont augmenté les difficultés, le numéro un du BSEIPH a ajouté que le travail pour l’amélioration des conditions de vie des personnes, notamment celles des handicapées, ne marche pas de pair avec la violence et l’instabilité. Il dit réclamer un climat serein pour les accompagner. «Nous encourageons donc les acteurs à trouver une entente pour bâtir une civilisation haïtienne axée sur la dignité. Nous voulons nous assurer que leurs droits sont respectés et qu’elles aient accès aux services socioculturels», a-t-il souligné en guise d’appel à l’unité. Pour la ministre des Affaires sociales, Marie Élise Brisson Gélin, Haïti a sans nul doute franchi des étapes importantes dans le processus d’inclusion des personnes handicapées. Cependant, elle dit être consciente que l’État haïtien doit consentir beaucoup d’efforts pour respecter ses engagements. «En cette fin d’année particulièrement difficile, la question de la transformation des conditions de vie est primordiale, notamment pour les plus faibles. Nos actions, quelles qu’elles soient, ont un impact déterminant pour leur vie. Ainsi nous faut-il réfléchir deux fois pour savoir si nos actes sont à leur avantages ou à leur détriment», a observé la ministre. Elle affirme se réjouir de ce que son ministère a répertorié, au total, 300 personnes, entre Cité Soleil et camp la Piste à Delmas 2, qui bénéficieront désormais de l’allocation de la Caisse d’assistance sociale. Selon Menjie Richard Michel, la CBM et le secrétariat d’État travaille ensemble sur la prise en compte de l’accessibilité universelle dans le contexte de la reconstruction en Haïti depuis des années. Cette coopération, selon elle, vise à faciliter la prise en compte des besoins particuliers des personnes en situation de handicap notamment. Un programme vise surtout à faciliter un environnement favorisant la participation de ces personnes dans la vie nationale du pays. Ce partenariat s’articule autour de quatre volets : «Renforcement des capacités en matière d’accessibilité ; sensibilisation et plaidoyer autour des acteurs de la construction ; amélioration de la qualité et du niveau de mise en œuvre des projets d’accessibilité universelle dans les projets de construction ; le développement des normes nationales en matière d’environnement bâti.» Globalement, le projet a pour objectif de contribuer à l’édification d’une société haïtienne inclusive et résiliente. Une société dans laquelle les fils d’Haïti, sans distinction de sexe, pourront pleinement jouir de leurs droits et développer leurs potentiels. Dans la foulée, les gagnants à un appel à proposition de projets sur l’accessibilité universelle et la gestion inclusive des risques et des désastres ont été présentés. Quatre associations en provenance de départements différents implanteront des projets au profit des personnes handicapées de leurs communautés. Si des efforts ont été observés dans le cadre de la lutte pour le respect des droits des personnes handicapées, de nombreux défis restent à relever. Lundi, à l’occasion de la présentation du calendrier d’activités que réaliseront les associations de défense des droits des personnes handicapées, des participants ont levé le lièvre sur certains de ces défis. «Respect des normes de construction, du droit à un logement décent, à la mobilité, à un travail, à la santé, l’augmentation de l’allocation de la CAS, le respect du quota pour l’intégration dans l’administration publique», tels sont des points soulevés par des personnes handicapées qui tendent à revendiquer leur place au sein de la société haïtienne.